Sara est une jeune femme a qui tout réussit, apparemment. Elle est issue d’une famille riche et s’apprête à épouser un garçon du même niveau social de Neuilly-sur-Seine… Un peu malgré elle.. Sara se voit un soir mise au pied du mur, la bague de fiançailles lui est passée à l’annulaire, lors d’une petite réception impromptue organisée par la belle-famille, ça y est, les dés sont jetés ! Pourtant, elle réalise très vite que l’existence dorée qui lui échoit comporte une lacune, et non des moindres. Amaury, son fiancé, est un jeune homme bien sous tous rapports… Un peu trop bien même. Il se révèle rapidement ennuyeux, égocentriques, trop occupé par ses affaires… Et surtout, sa libido est poussive, et il lui manque ce zeste de folie sexuelle qui égayerait les soirées de la jeune femme. Sara se sent coincée entre ce fiancé trop classique qui garde ses chaussettes en cachemire pendant l’amour, et sa destinée professionnelle toute tracée dans l’entreprise de sa belle-mère. Alors elle tente une évasion. Elle s’inscrit à un concours de journalisme à France Télévisions.
France TV recrute quelques jeunes d’origines diverses, dans le but de respecter un programme de diversification de son personnel. Sara change d’identité et se fait passer pour une marocaine vivant en Seine-St-Denis… Banlieue dont elle ne connait rien et où elle devra pourtant tourner un reportage. Elle fait la connaissance de Djalil, un garçon qui est tout l’opposé du fiancé… Jeune insouciant débonnaire à la barbe hirsute, qui profite de la vie. Ils ont une relation furtive à l’arrière d’un garage… Puis le garçon disparait aussitôt ! Sara est rappelée à ses obligations familiales et professionnelles, mais elle ne parvient pas à oublier son amant d’un instant et leur folle étreinte. Elle le fait suivre et découvre sa véritable situation… Et pourtant, le meilleur reste à venir.
Quelques passages sont érotiques, la couverture l’annonçait… « de vraies scènes de sexe à l’intérieur ! » Cela n’en fait pas un roman purement érotique pour autant, puisque ces scènes sont plutôt rares et masquées dans un roman où l’aspect ironique prévaut. Entre ces rares scènes, l’érotisme se fait discret, hormis quelques allusions. En outre, certains passages chauds arrivent comme par surprise… L’aventure entre Sara et Djalil au fond d’un garage pendant un reportage est impromptue. Quant à la partouze mondaine chez Salomé, elle est quasi sur-réaliste… Tout le gratin se retrouve dans une soirée folle, sous l’œil blasé des parents et l’objectif d’un photographe qui partage aussitôt ses clichés, au risque d’une diffusion sur le net. Les quelques pages torrides dépareillent un peu par leur aspect soudain et grivois, dans un livre globalement sobre et léger. Ce n’est donc pas un roman que je préconiserais comme préambule érogène à une longue nuit d’amour. Je le classerai dans le genre comédie divertissante, dans ce domaine il est parfaitement réussi.
C’est en résumé une lecture agréable et divertissante, à laquelle je donnerais volontiers
« Comme, c’est difficile de se forcer à désirer quelqu’un, et comme c’est déprimant de se dire qu’on ne fera l’amour qu’avec cette personne qu’on ne désire pas, tout le reste de sa vie… Je regarde Amaury. Il me dégoûte.
Sa taille moyenne, son regard vide, son haleine de surimi mêlée au gel douche Saint Laurent, ses parents consanguins, sa peau cireuse comme celle d’une statue. J’essaie pourtant, je fais des efforts pour me souvenir de ce qui m’avait attirée chez lui – ses yeux bleus qu’aujourd’hui je trouve délavés ? Sa gentillesse qui désormais m’étouffe ? Sa silhouette musclée qui me semble maintenant plastifiée ? Rien, rien, rien de ce qui m’avait poussée à sortir avec Amaury quand nous étions des enfants ne peut suffire à me donner envie de l’épouser. »
Sexe, mensonges et banlieues chaudes de Marie Minelli. Éditions la Musardine
Date de parution : 24/03/2014