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Ni ni

Publié le 27 mars 2014 par Rolandlabregere

Voilà que journalistes et politiques s’accordent dans le bonheur de faire tinter au nez des micros un petit mot qui les ravit. C’est le temps du « ni ni ». Sur les plateaux télés, à longueur d’interviews dans la presse écrite, les caciques de l’UMP ressassent avec un bel entrain tout le mal qu’il faudrait penser de ce qui pourrait faire obstacle à la droite droite.

Jean-François Copé, grand timonier de l’argumentation rénovée, livre une justification toute en nuances qu’il faudrait au risque d’une perte sans pareille du patrimoine de l’humanité, anthologiser et doter d’un appareil critique rigoureux. Selon lui, en évoquant la possibilité du « front républicain », le Premier ministre « nous explique qu'il souhaite que le Front national fasse le score le plus élevé possible pour pouvoir, grâce à cela, s'exonérer de toute responsabilité et nous ressortir la vieille ficelle de la République en danger ». (Le Monde, 24.03.2014 ). Mettre la ficelle et le pain au chocolat dans le même sachet ne masque pas les arrière-pensées. Le « ni-ni », nommé théorie par ses thuriféraires, s’impose comme la pensée étoile filante de politiques obnubilés par leur reconduction. Le « ni ni » s’incarne comme la forme douce du « si si » qui marque le penchant d’un bon paquet d’adhérents de l’UMP pour des alliances avec le Front national. Partenaire de l’UMP, l’UDI prône le « non non ».

Le « ni ni » participe de la tendance à l’emploi de mots adaptables à de nombreuses circonstances que l’on peut remplir avec n’importe quoi pourvu qu’on l’agite dans le sens du creux, surtout avec le présupposé qui met le FN et la gauche dans le même caddy. Le « ni ni » est le mot fétiche de la pensée slogan. Par sa simplicité, il dispense d’explications. Il a l’avantage de laisser voir un discret profil sentencieux tout en prêtant à sourire. C’est le cache-misère du degré zozo de l’argumentation. Il a de nombreuses qualités. Comme les rubans anti-mouches, il agglutine. Bobos babas devant les nanas qui portent les bibis pour prendre de la hauteur et ceux qui s’éclatent à la fête à neuneu sont confraternellement réunis. Dans une célèbre chanson d’Aristide Bruant, Nini Peau D'Chien, au moins, était « si bonne et si gentille ».  

http://www.youtube.com/watch?v=B5jS-b_C_co&list=RDB5jS-b_C_co

 

 

 


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