Le vote des «bobos» sera déterminant à Paris
Anne Hidalgo craint leur désamour, Nathalie Kosciusko-Morizet tente de les séduire : les «bourgeois bohêmes», qui ont ancré à gauche la capitale des paradoxes sociologiques, sont l'un des électorats les plus convoités de la municipale parisienne. Les chances de succès de la candidate UMP-UDI-MoDem, censée incarner la «boboïtude» d'une droite nouvelle affranchie des années Chirac-Tiberi, se mesurent à cette aune, inaccessible à en croire l'équipe d'Anne Hidalgo. «Nathalie Kosciusko-Morizet n'a pas pris sur l'électorat 'bobo'», estime-t-on dans le camp de la candidate socialiste.Selon Délits d'opinion, site d'analyse des tendances de l'opinion, «la ligne de crête est étroite pour la droite», qui a les plus grandes difficultés à déplacer son centre de gravité historique - l'Ouest - vers l'Est, berceau des «bobos». La singularité du scrutin, où il convient d'emporter les «gros» arrondissements afin d'être majoritaire au Conseil de Paris, impose à Nathalie Kosciusko-Morizet d'obtenir au moins 53 % des suffrages pour espérer l'emporter, selon son calcul. Le maire est élu par 163 conseillers de Paris, désignés dans chacun des vingt arrondissements proportionnellement à la population. Ainsi, le 1er arrondissement, le moins peuplé, compte dix conseillers; le XVe, le plus peuplé, en détient 18. La droite contrôle actuellement sept arrondissements : les 1er, 5e, 6e, 7e, 15e, 16e et 17e. «Paris n'accueille plus que les riches ...» La victoire, dans une ville qui a voté à plus de 55 % pour François Hollande, passerait par la conquête des arrondissements de l'Est, bastions traditionnels de la gauche remodelés par l'implantation d'une population plus aisée, un phénomène de «gentrification» (de l'anglais gentry, petite noblesse, ndlr) qui s'est accentué depuis l'élection de Bertrand Delanoë en 2001. «Paris n'accueille plus que les riches ou une classe populaire très aidée et favorable à la gauche plus qu'à la droite», juge Jean-François Lamour, président du groupe UMP au Conseil de Paris. Ce que dément Bertrand Delanoë, malgré la flambée des prix de l'immobilier depuis trente ans dans la capitale, où le coût des logements a triplé.