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Pas de politique disais-je dans la chronique du 13 mars, pourtant certains diront cette semaine que je m’y adonne. Non, il s’agit tout simplement de pointer du doigt les difficultés que vont peut ętre rencontrer les industriels de tous bords et, pour ce qui nous concerne, ceux de l’aéronautique et du spatial.
Premier tir : Bombardier. Le constructeur canadien qui avait prévu de construire une partie de ses appareils Dash8-Q400 en partenariat avec l’entreprise d’Etat russe Rostec voit le projet mis en sommeil ŕ cause des sanctions prises par le gouvernement canadien contre la Russie. Résultats de la crise ukrainienne et de la réunion de la Crimée ŕ la Russie. Selon l’agence Bloomberg, cette décision pourrait connaître un dénouement plutôt bénéfique ŕ l’Européen Airbus auprčs de qui la Russie pourrait trouver un partenaire. Pas si sűr ! Car la Russie n’a pas l’intention de rester ŕ la traîne.
Pas question ici de faire un inventaire ŕ la Prévert. Mais tous les industriels de renom ont des intéręts en Russie. Qu’il s’agisse de Boeing ou d’Airbus qui ont tous deux des intéręts dans ce pays avec des coopérations avec les métallurgistes des centres de R&D ou d’ingénierie, idem pour Safran, toujours dans les matériaux mais aussi qui est partenaire du programme SSJ100 notamment pour ses moteurs et autres équipements, Liebherr Aerospace qui a inauguré en 2011 un centre de production de pičces élémentaires (au service d’ailleurs de toutes les branches du groupe Liebherr), et que vont devenir de plus petites structures telle que la PME bretonne Le Guellec qui a signé en 2008 un contrat pour la fourniture ŕ la firme russe MMPP Salut de tubes d’échangeurs thermiques. Un contrat qui représentait ŕ l’époque un marché annuel de 145 k€ ? Et ce n’est lŕ qu’un aperçu.
Car d’autres industriels incontournables pour le marché aéronautique doivent se poser bien des questions sur la pérennité de leurs partenariats avec des entreprises qui certes, ne sont ni ukrainiennes ni russes, mais qui pourraient ętre mises ŕ mal par la Russie. Car cette derničre, lâchée par l’Union européenne et les Etats-Unis – le sommet du G8 ŕ Sotchi a été annulé sonnant le glas de ce Ť club de puissances économiques mondiales ť-, réoriente sa coopération internationale vers l’est, rapporte l’agence Ria Novosti qui cite le quotidien Vedomosti. Et de se poser la question : Ť dans quelle mesure la politique de la Russie et les avantages d’une coopération avec elle sont-ils prévisibles ? Ces avantages de coopération avec la Russie vont-ils ŕ l'encontre des profits de la coopération avec l'Occident et de la participation ŕ l'économie mondiale ? ť
Car si la Russie se tourne plus vers l’est et donc les pays de la Communauté des états indépendants (CEI), des risques de rattachement ŕ la fédération de Russie sont ŕ craindre. On voit ce qu’il en est de la Crimée qui appartenait pourtant ŕ l’un d’entre eux, l’Ukraine.
Alors quid des partenariats avec d’autres pays comme c’est le cas du Français Aubert & Duval qui a engagé un partenariat avec le Kazakhstan ? Car si l’usine commune que Aubert & Duval et son partenaire UST-Kamenogorsk Titanium and Magnesium Plant (UKTMP) ont construite se situe ŕ côté des installations auvergnates d’Aubert & Duval ŕ ŕ Saint-Georges-de-Mons (Puy-de-Dôme), la matičre premičre ŕ partir de laquelle barres, billettes, fils et tôles fortes en titane sont élaborés, provient de l’usine kazakh d’UKTMP au nord-est du Kazakhstan.
Et que dire encore des activités spatiales ? Certes l’Europe et la France ont construit ŕ Kourou un pas de tir du lanceur russe Soyouz, mais cela ne signe pas le désintéręt de la Russie pour ce lanceur. En décembre 2013, ŕ partir du seul pas de tir sur quatre qui est en service sur la base de Plesetsk en Russie, le pays piloté d’une main de fer par Poutine a testé avec succčs un lanceur dérivé du Soyouz 2. En outre, les tirs de ces fusées peuvent s’effectuer de Baďkonour au Kazakhstan oů sont implantés deux pas de tir, tandis que pour bien montrer sa volonté de rester maître des lancements des Soyouz, la Russie a engagé la construction d’un huitičme pas de tir sur le nouveau cosmodrome de Vostotchni en Russie.
Dans ce contexte géopolitique, arriverons nous – européens- ŕ conserver les contrats gagnés de haute lutte pour la fourniture de satellites espions ŕ la Russie ?
Chronique AeroMorning par Nicole B.