Jour 2 au Web Program Festival de La Rochelle.
La question du jour : Peut-on gagner sa vie en produisant des vidéos sur le web ?
En parlant de vidéos, il faut entendre web-séries ou web-documentaires car le premier enseignement du festival est que les programmes de flux sont absents de la toile !
Aujourd’hui, le producteur de contenu web se rémunère grâce aux versements de Youtube et Dailymotion. Ce revenu (venu des publicités présentes dans ou autour de vos vidéos) est évalué à 1 euros pour 1000 vues. Il vous faudra donc déjà faire de nombreuses vues pour parvenir à gagner votre vie. Si Norman Thavaud ou Cyprien gagnent au moins 4 000 euros par vidéos qu’ils postent, les autres créatifs sont très loin du compte. Hier, France Télévisions se félicitait d’une bonne audience d’une de ces web-séries. Avec 200 000 vues, France Télévisions peut espérer un versement de 200 euros ! Autre exemple (personnel celui-ci) : ma vidéo buzz sur Afida Turner au Festival de Cannes m’a rapporté 600 euros pour plus de 500 000 vues ! Autant vous dire qu’avec ce montant, je ne paie même pas mon logement cannois.
Mais il existe une autre rémunération méconnue des créatifs du web : les droits d’auteurs !
En effet sachez que les sociétés d’auteurs ont signé des accords avec Youtube et Dailymotion pour le versement d’une somme importante qui revient aux auteurs !
Malheureusement, très peu d’auteurs déclarent leurs œuvres auprès des sociétés comme la SACEM ou la SACD. Du coup, la perception des droits n’est pas possible.
Ensuite, le calcul ne semble pas très fiable. Alors qu’à la télévision, le montant que les auteurs perçoivent est évalué à la minute (pondéré par la tranche horaire, la chaîne et le type de programme), c’est le clic qui est le point de calcul sur le web. Le nombre de vues sera donc votre clé de rémunération.
Mais qu’est-ce qu’une vue sur Internet ? Un internaute qui aurait regardé 30 secondes de la vidéo ou son entièreté ? Une vue vaut-elle plus sur le net qu’à la télé car le spectateur a fait une recherche particulière pour y parvenir ? La vue a-t-elle plus de valeur si l’internaute arrive à la suite d’un programme télé ? Comment la société d’auteurs calculent-elles le nombre de vues (via un gigantesque fichier excel qui contient les millions de productions et chaque année, elles passent en revue chaque url pour voir l’évolution des vues) ?
Toute ces questions étaient posées hier lors du débat avec les sociétés d’auteurs. Mais bien pire que cela : je suis français et je suis inscrit dans une société d’auteurs en France. Je déclare mon œuvre, je perçois une somme (environ 75 euros pour 50 mille vues). Je m’inscrits en plus dans une société d’auteur en Angleterre… et je perçois à nouveau une somme (environ 120 euros pour milles vues / chiffres fournis par un des intervenants) ! Pourtant il s’agit bien des mêmes vues mais chaque pays a négocié avec Youtube et Dailymotion. Il n’y a donc pas de perception mondiale ! Ne serait-il pas plus simple que les sociétés de partage de vidéos fassent le travail eux-même afin que le décompte soit correct et unique !?
Un modèle se met en place et l’on sent que le chemin pour parvenir à une équité est toujours en cours.