A l'occasion de la Transat AG2R Concarneau-St Barth, l'union des commerçants de Concarneau propose un défilé de mode qui aura lieu dimanche 30 mars 2014 au village Course. C'est l'occasion de "s'habiller beau" et de porter, pourquoi pas, le blazer cher aux yachtmen; à moins que certains ne préfèrent le tricot rayé...
Porter un blazer est bel et bien un terme de marine, en effet il vient du nom d’une frégate anglaise du 19ème qui s’était faite remarquer par sa combativité sur les mers, le HMS Blazer (Flamboyant).
Pour ses différents exploits la frégate reçue en 1837 la visite de la reine Victoria, les équipages n’ayant pas d’uniforme le Capitaine John Middleton Waught décida de faire porter aux hommes un veston bleu avec des boutons dorés en rang doublé, une jacket "Navy Blue Blazer". La Reine fut impressionnée et ainsi naquit la mode du BLAZER. Dès 1846 la marine Britannique rendait obligatoire le port de l’uniforme en mer.
(photo extraite de Victorian Wars forum - Morell archives 1893)
Depuis lors, la marine Anglaise comporte toujours dans sa flotte un bâtiment du nom de Blazer. Le P 279 (ci-dessous) construit en 1988 est le septième du nom. Régulièrement des unités de la marine Anglaise font escale au port de Concarneau, notamment les bâtiments de L’Université de la Royal Navy de Southampton dont le Blazer P 279 perpétue la lignée des HMS. (Her/His Majesty’s ship), sa devise est Premier in the first (notre Premier Ministre est le meilleur) évidement le "flamboyant" !
Ce n’est qu’au début du XXème siècle que le style blazer va se répandre dans le monde civil notamment chez les propriétaires de yachts de course, dans le Commonwealth par tradition et dans le monde de la plaisance luxueuse.
En France le décret du 15 Floréal an XII (5 mai 1804) impose aux marins à porter désormais un uniforme. Quant au col roulé il fut incorporé par la Marine dans son code de l’uniforme à partir de 1890.
un rapide historique de l'uniforme sur le site de l'ACOMAR
(dessin de Pierre Péron)
le Caban pour sa part a probablement été inspiré par le blazer, puisque porté dans la marine française à partir du Second Empire. Mais allez savoir qui détient l'antériorité du style puisque le mot est de racine arabe pour désigner un manteau court chaud et imperméable popularisé au XVe siècle par les navigateurs européens...
Le Jersey* vêtement tricoté serré est d'abord porté par les pêcheurs de l’ile de Jersey. Puis les simples matelots se vêtent de Jersey rayés (déjà), ceux en couleur étant réservés aux Officiers.
*Hist.-« Leurs moutons (de Jersey) ont de la laine fort blanche dont nous faisons notre Kersey ou Jersey » (Briot, Singularités Nat. D’Anglet. P311 ; 1667) (d’après le Dictionnaire Etymologique des Anglicismes et des Américanismes par Jean-Paul Kurtz, tome 2).
Durant la Première Guerre mondiale Coco Chanel travaillera le tissus jersey bon marché destiné aux sous-vêtements masculins, une alternative au cashmere onéreux et une fluidité de la matière qui révolutionnera le style vestimentaire des femmes. A partir de 1930 le jersey qui a désormais passé les limites de la marine, utilisé au quotidien, prend le nom de Jumper puis de Pull-Over.
Autre invention des tailleurs de la marine: le pantalon "patte d'éléphant" car les marins estimaient qu’il était difficile de remonter les jambes du pantalon lorsqu’il s’agissait de laver les ponts (pieds-nus). En élargissant la base du pantalon il s’avéra plus facile de le remonter au dessus des genoux.
(dessin de Sahib)
Un autre avantage de la patte d’éléphant, le pantalon pouvait être plié en un rectangle presque parfait ! d’où la facilité de le mettre dans le sac du marin en conservant sur les jambes un pli vertical... parfait.
L'apparence et l'élégance des marins sont choses sérieuses, souvenez-vous le Musée de la Marine du palais de Chaillot proposait une exposition en 2009 intitulée "les marins font la mode". Les coquettes Sardines ont là un sujet inépuisable et y reviendront sûrement, elles se demandent déjà pourquoi le point Mousse maintenant que l'on connait l'insularité du point Jersey. Et le macramé... cet art traditionnel du matelot... à suivre, avec toujours les recherches de JM Robert .