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Transition énergétique : une vingtaine de réacteurs nucléaires bientôt inutiles ?

Publié le 27 mars 2014 par Arnaudgossement

Chooz_-_Centrale_nucléaire_-1.jpgUn évènement très important est survenu hier au cours de l'audition de deux responsables de la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) du Ministère de l'écologie et du développement durable et de l'énergie. Des déclarations qui démontrent un changement de culture sur le nucléaire depuis le débat national sur la transition énergétique.


Pour mémoire, la DGEC est une administration centrale très importante qui a notamment en charge de la politique énergétique française, dont bien sûr le parc nucléaire.

La commission d’enquête de l'Assemblée nationale, relative aux coûts de la filière nucléaire a procédé, ce mercredi 26 mars 2014, à plusieurs auditions sur le thème de l'évolution du parc nucléaire. Le compte rendu écrit de ces auditions n'est pas encore disponible en ligne, sur la page du site internet de l'Assemblée nationale consacrée aux travaux de cette commission. La vidéo est cependant déjà disponible et suscite déjà un certain émoi.

Ce mercredi 26 mars 2014, la Commission d'enquête a auditionné, notamment, M. Laurent Michel, directeur général de l’Énergie et du climat et M. Pierre-Marie Abadie, directeur de l’Énergie. Se fondant sur l'hypothèse d'une hausse "modérée" de la consommation électrique française d'ici à 2025, ces deux haut fonctionnaires ont déclaré devant la Représentation nationale qu'une vingtaine de réacteurs nucléaires en France pourraient, à terme, être inutiles. Notons d'ores et déjà que le scénario d'une hausse importante de la consommation d'électricité d'ici à 2025, fermement défendu par plusieurs représentants de la filière nucléaire, ne semble pas être jugé sérieux par les services compétents de l'Etat.
M. Laurent Michel a ainsi précisé :

"Quand on fait des exercices de réflexion pour éclairer ce que seront les futurs scénarios, on part sur des scénarios d'évolution de la demande électrique relativement modérée"

M Michel a également indiqué qu'à cela s'ajoutent le développement des énergies renouvelables et l'objectif de réduire de 75 à 50% en 2025 la part de l'électricité nucléaire en France, qui feraient que seuls 36 à 43 gigawatts nucléaires resteraient nécessaires à cet horizon, contre 63 gigawatts installés aujourd'hui.

"Ce qui veut dire qu'à ce moment-là", en dehors de toute préoccupation de sûreté, "mais en termes de non besoin, d'inutilité électrique, c'est une vingtaine de réacteurs"

Pour Pierre-Marie Abadie, la prolongation des centrales nucléaires exploitées par EDF au-delà de 40 ans, limite initialement fixée lors de leur conception, n'est pas seulement une question de sûreté, sur laquelle l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sera amenée à se prononcer :

"Il y a derrière cette question de la prolongation de toutes les centrales, non seulement une question de sûreté, mais aussi la problématique (de savoir si) on en aura besoin ou pas" ;
"Si on prolonge le développement actuel des renouvelables (...), on voit qu'à l'horizon des années 2030, un certain nombre de centrales ne seront plus nécessaires directement", a-t-il précisé. "La quantité de centrales qu'on prolonge sera au regard de l'acceptabilité par l'ASN, mais aussi au regard du besoin de robustesse et de marge de sécurité du système".
"Suivant combien on en mène à 40, à 50, à 60 (ans), on a plus ou moins de lissage. Par exemple, si on fait tout à 40, il y a un grand mur. Mais si on fait tout à 50, on a juste repoussé le mur de 10 ans. Si on en fait à 40, à 50, à 60, on se retrouve tout d'un coup à pouvoir lisser les investissements. Ca a un impact vraiment très visible sur le niveau des investissement et l'existence ou pas de murs d'investissements".

Ces déclarations doivent retenir l'attention. Elles témoignent d'une évolution de l'Etat sur la question du nucléaire, laquelle faisait l'objet d'un consensus politique droite gauche très fort depuis les années 60. Ce consens évolue. L'idée, non pas encore d'une sortie, mais d'une réduction sensible de la part du nucléaire dans le mix énergétique s'impose, se généralise. Les temps changent. Il y a encore deux ans, une telle idée aurait été inenvisageable et considérée comme fantaisiste.

Je reste persuadé, et ces déclarations le confirment, que la transition énergétique est inéluctable. Les filières des énergies renouvelables et des économies d'énergie ont certes souffert mais elles représentent clairement l'avenir.

Arnaud Gossement

Selarl Gossement Avocats


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