Giampaolo Alliata

Chez Al Bazar, il est celui que l’on connaît un peu moins, et pourtant Giampaolo Alliata, 53 ans, est en passe de devenir à son tour l’une des stars de l’élégance masculine, l’une de ces icônes que les apprentis Brummell du monde entier se prennent tout à coup à imiter. Erreur grossière, que l’intéressé lui-même désavouerait – non pas qu’il n’ait des choses à nous apprendre en matière de style ; à ceci près que, conscient des dangers de la mode, il invite chacun à trouver le sien. Ses propres références se nomment Vittorio De Sica, Marcello Mastroianni, Cary Grant, Steve McQueen. Comme Lino Ieluzzi, son premier modèle est son père, ancien agent commercial (Isaia, Kiton), pour qui l’élégance était d’abord une question de modestie et d’éducation, dépassant très largement le cadre de l’apparence physique. D’ailleurs, monsieur Alliata correspond parfaitement à l’idée que l’on se fait du gentleman italien : ouvert, attentif, scrupuleux, franc – classique, seulement jusqu’à un certain point, fin connaisseur des usages et toujours prêt à en tester les limites.

Giampaolo Alliata, classic with a twist

Chez Al Bazar, à Milan, il y a Lino, le propriétaire, qui parle italien, et il y a Giampaolo, le chef des ventes, qui parle également anglais ; il y a Lino, qui aime la couleur, et il y a Giampaolo, qui aime aussi la discrétion. Les deux hommes vous accueillent et vous conseillent avec beaucoup de tact et de professionnalisme. Selon vos goûts, vous vous dirigerez plutôt vers l’un ou vers l’autre. Précisons, à toutes fins utiles, que le vestiaire imaginé par le flamboyant Lino Ieluzzi s’adresse à une clientèle plus large que ne le laisserait supposer le personnage qu’il s’est forgé au fil des ans ; je veux dire par là qu’il n’est pas nécessaire de vouloir ressembler à ce personnage pour désirer s’habiller chez Al Bazar.

Avant de prendre ses quartiers via Antonio Scarpa, Giampaolo Aliatta a longtemps travaillé pour la marque napolitaine Isaia. En tant qu’acheteur d’abord (voyageant beaucoup en Angleterre et en Ecosse), puis délégué au choix des collections pour le marché américain, et enfin organisateur de ventes privées, tant en Europe qu’aux Etats-Unis ou au Japon. Acheteur, vendeur, ambassadeur d’un style d’abord et avant tout napolitain (avec cette pointe d’originalité dont nous parlons il y a un instant), l’homme a eu tout loisir de parfaire ses goûts. Gageons que, si ceux-ci s’étaient trouvés en désaccord avec ceux de son téméraire employeur, il n’aurait pas accepté de le rejoindre – c’était il y a dix ans maintenant.

Le style de Giampaolo Alliata en cinq points :

La veste croisée

De couleur, de préférence. C’est la base, à tel point qu’on peut se demander pourquoi les Français s’y refusent avec autant d’obstination. Si vous êtes profondément attaché à la veste droite (pour des raisons personnelles ou professionnelles), un conseil : essayez le manteau croisé. Plus facile à porter, il « habille » très facilement une silhouette.

Le costume gris

Indispensable, comme ici en version rayée, de même que le pantalon uni gris. La cravate bleue limite la prise de risque. La chemise n’est pas blanche mais d’un bleu très pâle assorti à la teinte des rayures.

La chemise à col italien

Si le col italien ouvert (collo francese grande en italien, extreme cutaway collar en anglais) impose un nœud de cravate généreux (forcément double), il permet en revanche d’attirer l’attention sur le visage. Giampaolo Alliata l’a bien compris, lui qui ne porte quasiment rien d’autre. Une occasion de rappeler que l’un des secrets d’une belle mise est la courtoisie.

Le blazer bleu

Forme revue et corrigée afin qu’il puisse être porté près du corps, et non comme l’antique blazer à boutons dorés de tonton Raymond.

Les bracelets

Comme Lino Ieluzzi, Giampaolo Alliata a le goût des accessoires, et singulièrement des bracelets. A la différence de ce dernier toutefois, il semble privilégier les mélanges de matières plutôt que les mélanges de couleurs. A noter : en signe d’indépendance, monsieur Alliata ne boutonne quasiment jamais ses poignets de chemise. Une habitude très Al Bazar, à imiter… ou pas.