TOKYO, 15 mai 2008 (AFP) - L’organisation Greenpeace a dénoncé jeudi un trafic de chair de baleine illégal au Japon et attaqué l’argumentaire du pays qui pêche les cétacés pour des raisons dites scientifiques.
L’organisation de défense de l’environnement a annoncé son intention de porter plainte contre 12 membres d’équipage du Nisshin Maru, navire amiral de la flotte baleinière japonaise dont la dernière campagne de pêche, dans l’Antarctique cet hiver, a suscité de nombreuses protestations internationales.Selon l’organisation, la viande stockée dans le navire à quai était transportée par des membres d’équipage vers la terre ferme dissimulée dans des bagages.
“Cela va entacher la crédibilité du Japon à l’étranger”, a estimé Jun Hoshikawa, le chef de Greenpeace Japon lors d’une conférence de presse à Tokyo. L’armateur et affréteur du navire, la société Kyodo Senpaku, a répondu qu’il était de tradition de laisser aux équipages des baleiniers un peu de chair de cétacés au retour d’une campagne, afin qu’ils puissent en offrir à
leurs proches.
Mais un responsable de l’entreprise a reconnu sous couvert d’anonymat l’existence d’”un soupçon” quant à d’éventuels actes délictueux. Le Japon pêche des baleines en utilisant une tolérance de la Commission baleinière internationale pour les campagnes à but “scientifiques”, alors que la pêche commerciale aux cétacés est interdite depuis 1986.
Les autorités japonaises reconnaissent que la chair des animaux termine dans les assiettes. Mais selon elles, il ne s’agit que d’un “produit dérivé” de la recherche qu’il serait dommage de jeter. La vente de la chair de baleine obéit toutefois à une procédure stricte, la viande étant cédée à des grossistes à un prix fixé par l’Institut pour la recherche sur les cétacés, soutenu par les pouvoirs publics.
Greenpeace a assuré avoir intercepté une boîte expédiée depuis le bateau au domicile d’un particulier et censée contenir des cartons, après des fuites émanant de personnels de l’entreprise Kyodo Senpaku.
La boîte contenait 23,5 kg de chair de baleine pour une valeur de près de 2.000 euros, selon l’organisation qui veut utiliser cette prise comme une preuve devant la justice.