3ème disque long format des américains, Atlas souffle en nos oreilles le vent de la sérénité. Paisible et relâché comme à son habitude, la bande du New Jersey met son flegme au service d'une pop pacifique et libérée de toute idée noire. C'est bien connu, la musique adoucit les moeurs. Celle-ci peut être plus que les autres...
Surfant sur des lignes de guitares cristallines, les morceaux de cet album sont fidèles au sillon creusé par les magnifiques deux premiers opus du groupe que sont Real Estate et Days. Porté dans une humeur de douce paresse, chaque titre se révèle évanescent, notamment en raison de cette réverb particulière qu'affectionne la formation et qui apporte un vague presque fantomatique à la chair des morceaux.
Si ces derniers résonnent les uns dans les autres, enchevêtrés dans une onde commune, n'y cherchez pas de tube pop, au contraire, les mélodies se développent de manière insidieuse et résonnent presque inconsciemment dans notre mémoire auditive. Baignés dans une torpeur aquatique, des titres comme "Past Lives" ou "The Bend" torpillent l'oreille dans une pérenne accalmie.
C'est dans la simplicité et la spontanéité des arrangements que la formation américaine s'est toujours positionnée et cet essai n'entend pas déroger à la règle. Si ce schème fait la force de Real Estate il peut aussi en révéler les limites. Boucles de guitares répétitives et hypnotiques, les pistes présentes en ce disque sont autant de pierre posées et destinées à édifier cet Atlas. De fait seule une écoute globale pourra révéler les charmes de l'album. La puissance mélodique des morceaux ne résonnant que dans un écho diffus, sa pénétration à l'oreille n'en est que plus calfeutrée. On pourrait ainsi regretter que certaines mélodies ne puissent s'entrevevoir qu'en catimini, mais c'est pourtant dans cet espace d'intimité que la formation de Brooklyn tisse avec habilité et finesse des arpèges séraphiques.
Il n'en reste pas moins que ce zéphyr sonore est une passerelle idéale pour qui aime côtoyer la contemplation, là où divaguent les idées les plus triviales ("April's Song"). Léger comme l'air, plus cotonneux qu'un nuage, cet Atlas promet à l'auditeur qui saura en atteindre le sommet, luxe, calme et volupté. Et le meilleur moyen d'y parvenir serait encore de se laisser porter par l'oisiveté ambiante, un comble dont on s'accommodera aisément.
En bref : Real Estate met de nouveau son efficience au service d'une pop minimale, délestée de tout artifice, simplement belle et ordonnée.
"Le making of d'Atlas" :
"Past Lives" :