Les masques de Vasuhan parlent ici de ses multiples rencontres avec d’autres, avec lui-même, avec la nature. Il faut y regarder de près. Il y a ses cheveux dans la coiffure de celui-ci, en épis noirs dressés sur un visage aux yeux ronds. Il y a dans les tableaux exposés au Salon indien du sable récolté au bord de la Seine ou de la Marne, la tranche d’un tronc ramassée au cours d’une promenade, des feuilles qui semblent collées là par inadvertance (mais c’est bien intentionnel), entourant ou soulignant l’image de Ganesh il y a de la poussière de briques rouges du chantier de rénovation du local. Ces volumes associés aux couleurs que cueille Vasuhan pour les offrir aux regards donnent aux murs une vibration particulière, à la fois étrange et familière, et, le soir où j’y étais, habillée de musiques. Comme si son art n’attendait que ça, la musique : prenez place, écoutez la peinture.
Vous entendrez peut-être ce poème de Rimbaud, qui porte le même titre que l'exposition.
Sensation
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, — heureux comme avec une femme.