C'est un nouveau prix littéraire à deux étages, dans un paysage où il en est tant qu'on s'épuise à suivre cette actualité. Pourquoi, alors que la première sélection n'est pas encore connue (il y en aura deux, en avril), consacrer déjà une note de blog aux Prix Littérature-monde? Parce que ces lauriers inédits, les uns pour un livre écrit en français, les autres pour un livre traduit en français, ont quelque chose de sympathique. Ils sont liés au Festival Étonnants Voyageurs cher à mon cœur, ils seront attribués par un jury très international, ils sont la conséquence lointains, sept ans après, d'un manifeste qui a fait date, ils iront (c'est un espoir, pas une certitude) à des ouvrages qui les méritent...
Je ne vais plus vous faire l'article pour Étonnants Voyageurs, un des plus beaux festivals littéraires parmi ceux que je connais, grand rassemblement malouin de la Pentecôte (ne pas confondre avec pentecôtiste) où les participants vivent en immersion, quelques jours, dans un monde ouvert sur le monde. Du 7 au 9 juin cette année...
Le jury est constitué de huit écrivains. Écrivains et non personnalités venues de tous les horizons pourvu qu'elles apportent à un prix une petite part de leur notoriété - si, si, certains prix fonctionnent de cette manière. Rien de tout cela ici. Trois d'entre eux, Français de France (si je peux m'exprimer ainsi entre les deux tours des élections municipales), ne peuvent être suspectés d'un repli sur soi: Michel Le Bris en premier lieu, fondateur d’Étonnants Voyageurs et inspiré par une littérature elle-même voyageuse; Paule Constant, à qui aucun territoire n'est étranger, et Jean Rouaud, initiateur avec Michel Le Bris du manifeste sur lequel je ne vais pas tarder à revenir, dont l'oeuvre creuse inlassablement des questions sans réponses. Les autres membres du jury ont tous écrit des livres marquants et viennent d'ailleurs: Ananda Devi, de Maurice, Nancy Huston, du Canada, Dany Laferrière, d'Haïti, Atiq Rahimi, d'Afghanistan, et Boualem Sansal, d'Algérie.
Seuls parmi eux Paule Constant et Atiq Rahimi n'appartenaient pas aux 44 signataires du manifeste paru le 15 mars 2007 dans Le Monde: Pour une littérature-monde en français. (On avait dû oublier de les solliciter, parce qu'ils se seraient probablement joints avec enthousiasme à l'initiative.) Il survenait après une saison des prix littéraires d'automne très majoritairement tournée vers des écrivains venus d'outre-France, ainsi qu'ils étaient qualifiés. Hasard ou nécessité? Le premier avait bien fait les choses. La seconde semblait être perçue comme une urgence.
Une affaire à suivre, et que je suivrai pour vous...