Juan Gelman – Épitaphe (Epitafio, 1956)

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Un oiseau vivait en moi.
Une fleur voyageait dans mon sang.
Mon cœur était un violon.

J’ai aimé ou pas. Mais parfois
on m’a aimé. Moi aussi
je me réjouissais : du printemps,
des mains jointes, de ce qui rend heureux.

Je dis que l’homme se doit de l’être !

(Ci-gît un oiseau.
Une fleur.
Un violon.)

*

Un pájaro vivía en mí.
Una flor viajaba en mi sangre.
Mi corazón era un violín.

Quise o no quise. Pero a veces
me quisieron. También a mí
me alegraban: la primavera,
las manos juntas, lo feliz.

¡Digo que el hombre debe serlo!

(Aquí yace un pájaro.
Una flor.
Un violín).

*

A bird lived in me.
A flower traveled in my blood.
My heart was a violin.

I loved and didn’t love. But sometimes
I was loved. I also
was happy: about the spring,
the hands together, what is happy.

I say man has to be!

(Herein lies a bird.
A flower.
A violin.)

***

Juan Gelman (1930-2014)Violon et autres questions (Violín y otras cuestiones, 1956)