Cette étude britannique menée sur plus de 50.000 femmes participant au programme de dépistage du cancer du sein constate que si une mammographie tous les 3 ans* est adaptée à la majorité des femmes, environ une femme sur 3 à risque plus élevé, pourrait tirer bénéfice de mammographies plus fréquentes. Ces données présentées à l’European Breast 9e Conférence Cancer envisagent le passage à un dépistage plus ciblé, ou plus personnalisé, en fonction des facteurs de risque tels que les antécédents familiaux ou le mode de vie de la patiente.
Le Pr. Gareth Evans de l’Université de Manchester avec ses collègues de l’Université Queen Mary de Londres ont recueilli ces données supplémentaires auprès de 53.467 femmes fréquentant l’établissement et participant à l’étude PROCAS (Predicting Risk Of breast Cancer At Screening). Les patientes ont passé une mammographie, ont renseigné par questionnaire leurs facteurs de risque de cancer du sein et des données génétiques ont été recueillies par analyse d’échantillons de salive. Une note d’évaluation visuelle indiquant le taux de tissu dense dans le sein leur a été attribuée.
Pendant l’étude, 634 femmes ont développé un cancer du sein.
L’analyse des données de facteurs de risque indique que,
· 1,4% des femmes, soit 676 présentaient un risque élevé >8% à 10 ans,
· 8,6% des femmes, soit 4591 présentaient un risque modérément accru de 5 à 8% à 10 ans.
· Ces chiffres sont à comparer à une incidence moyenne de 2,4% aux alentours de 47 ans jusqu’à 3,5% aux alentours de 70 ans.
· Le taux de densité du tissu mammaire était >60% chez 5.2 % des femmes
· Un taux de densité supérieur ajusté sur l’âge est associé à un risque multiplié par près de 3 (2,9) de cancer du sein à 10 ans.
A partir de là, les chercheurs ont pu ajuster leurs estimations :
· 2% des femmes présentent un risque >8% de cancer à 10 ans, et parmi ces femmes, 2,3% développent en effet le cancer.
· Plus de 3,5% présentent un risque supérieur à la moyenne, et, parmi ces femmes 1,8 % développent en effet le cancer.
· Des 94% de femmes « restantes », donc à risque < ou = à la moyenne, seules 1% développent le cancer.
· Enfin, parmi les femmes à risque strictement < à la moyenne, seules 0,3% de ces femmes développent a maladie.
· De plus, le taux de cancers avancés s’avère bien plus élevé chez les femmes à risque supérieur à la moyenne : 32 % vs 19 % chez les femmes à risque moyen ou < à la moyenne.
En pratique, le dépistage tous les 3 ans est très efficace pour environ 70% des femmes de la cible, mais pas assez pour les femmes à risque plus élevé que la moyenne. Des résultats à ce stade britanniques qui pourraient avoir des implications sur le programme de dépistage britannique, mais qui démontrent, quel que soit le pays, que le facteur âge n’est peut-être pas suffisamment discriminant pour déterminer la fréquence du dépistage.
N.B. Les premiers résultats de cette étude avaient été publiés dans la revue Familial Cancer en juin 2013.
*vs 2 ans en France pour les femmes dans la cible
Source: ECCO The European CanCer Organisation Assessing individual breast cancer risk within the UK National Health Service Breast Screening Programme: First prospective results from PROCAS