[Critique] EVERYBODY’S FINE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Everybody’s Fine

Note:
Origine : États-Unis/Italie
Réalisation : Kirk Jones
Distribution : Robert De Niro, Drew Barrymore, Kate Beckinsale, Sam Rockwell, Katherine Moennig, James Frain, Melissa Leo, Damian Young…
Genre : Drame
Date de sortie : 13 novembre 2012 (DTV)

Le Pitch :
Frank Goode est retraité. Il pourrait passer le reste de sa vie peinard mais malheureusement ses poumons, qui ont absorbé des quantités non négligeables de vapeurs chimiques pendant toutes les années où il a travaillé dans une usine de fabrication de gaines en PVC, ne le voient pas de cet avis. Atteint de fibrose pulmonaire et plus près du crépuscule de sa vie que de l’aube, il décide de se rapprocher de ce qui lui reste de famille, à savoir ses enfants. Seulement, ces derniers, qui ont tous une bonne raison pour ne pas venir le voir, déclinent son invitation à un repas de famille. Il décide alors, malgré l’avis du médecin, d’entreprendre un voyage à travers les États-Unis, pour renouer les liens. Il ressent cependant un certain malaise de leur part. Tous mentent pour une raison qu’il ignore…

La Critique :
Comme il a été dit à maintes reprises, « la vieillesse est un naufrage ». C’est en partie vrai quand on regarde les publicités, l’après-midi sur France 3. Entre celles pour les couches Confiance, la Convention Obsèques, et les remonte-escaliers, rien ne donne envie d’atteindre un âge canonique. Sans compter que, quand on est vieux, on est incompris, infantilisé et on perd en autonomie. Quand on est acteur et qu’on devient âgé, ce n’est pas joyeux non plus. Il suffit de voir Robert De Niro, acteur gigantesque ayant tout joué dans sa riche carrière. Pourtant, sa carrière décline, même il n’est pas étranger au phénomène, lui qui accepte un peu trop de projets « bancals ».

Quoi qu’il en soit ce drame de la vieillesse est au cœur même d’Everybody’s Fine, dans lequel un homme, qui a perdu sa femme, qui a passé toute sa vie à se flinguer les poumons à l’usine, perd en quelque sorte ses enfants. Tous ont mené une carrière loin de la vie d’ouvrier et ont réussi, mais se sont coupés de leur père, lui promettant régulièrement de « passer bientôt le voir ». Un drame que vivent bien des seniors, peu à peu abandonnés. Frank Goode erre, perdu quand il quitte sa ville, il erre dans le supermarché, il erre dans la gare, il erre dans l’aéroport. Et quand il voit ses enfants, il reprend ses réflexes de père protecteur et strict, mais ressent malgré tout une immense fierté, qui semble les gêner. Le film aborde aussi le thème des non-dits, des secrets de famille parfois destructeurs.
Mais voilà, ces thèmes-là ne sont apparemment pas assez commerciaux. Et le film en a fait les frais. Éreinté par la critique car peut-être trop modeste pour des spectateurs trop blasés, il n’a pas non plus trouvé son public. Dixième au box-office américain, il est sorti des écrans de cinéma au bout de trois semaines, ce qui ne l’aidera pas à connaitre une destinée qui aurait pu lui permettre d’être rentabilisé. Le film sera un échec commercial. Par conséquent, lors de son arrivée en France, il sortira directement en DVD. Pourquoi ? Quand on sait que bien des daubes massacrées par la critique et pas un énorme succès public ont connu des sorties cinéma avec un énorme battage publicitaire, on est en droit de se poser des questions quand un film réunissant un tel casting et possédant d’indéniables qualités passe à la trappe. J’entends déjà les arguments de wanna-be « cinéphiles » pour qui la valeur d’un film se fait au nombre d’entrées (et à cause desquels on assiste à cette déplorable dérive au cinéma) alors que, quand on voit le score de Bienvenue chez les Ch’tis ou l’audience de certains programmes télévisés, l’argument cité plus haut se démonte tout seul. On ne peut donc que déplorer que des films comme Everybody’s Fine connaissent la même destinée qu’un navet à trois dollars. Merci donc à une certaine chaîne cryptée de l’avoir diffusé et donc de l’avoir fait connaitre au public français.
Porté par un bon casting et des thèmes qui devraient fédérer, Everybody’s Fine est un très beau film qui a connu un destin somme toute assez cruel. Remake américain d’Ils Vont Tous Bien de Giuseppe Tornatore, il en possède les mêmes qualités et fait honneur à son aîné.

@ Nicolas Cambon

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