Un recueil d’études universitaires sur 68, un peu avant, un
peu après. 28 chapitres. Essentiellement l’histoire des sans grades de ses
troupes de choc. Dont une partie s’est ensuite déversée dans la fonction
publique. Probablement pour y répandre les théories curieuses de l’époque. Par
exemple, du nourrisson à l’étudiant, l’individu est un travailleur exploité. Il
doit se battre contre la société.
Combien sont-ils, ces révoltés ? Une minorité,
probablement. Au plus un vilain petit canard dans certaines familles. Pas
content du sort qui lui est fait. Cela m’a fait penser à ce que dit Tocqueville de la chute de
l’Ancien régime. Plus on en donne au peuple, plus il est mécontent. Car il a le plein emploi, d’abord. Mais surtout l’éducation,
qui s’étend comme jamais avant. On met un terme à la scission secondaire /
primaire ; les études s’allongent ; tout le monde a accès à un niveau
de qualification sans précédent : les ouvriers, les paysans, les femmes,
en particulier. Mais, au lieu d’en concevoir de la reconnaissance, c’est la
conscience de l’injustice qui gagne la société. On découvre l'échec scolaire et que tout le monde ne peut pas être polytechnicien. Et l’éducation est un temps d’oisiveté et d’ennui propice aux
révoltes.
Ce qui me surprend, c’est à quel point le ver
était dans le fruit, avant 68. Les grèves semblaient endémiques. Avaient-elles une raison, d'ailleurs ? Et
le patronat lâchait systématiquement. Car ce n’est pas la dureté de la société qui fait 68, mais sa couardise. A commencer par celle de De Gaulle. Pitoyable.
L’homme, qui devait le pouvoir à son charisme !, prend la fuite devant une
poignée de manifestants. Pendant ce temps, Pompidou prépare dans l’ombre le
régime qui nous vaut l'admiration du monde.
(DAMANE, Dominique, GOBILLE, Boris, MATONTI, Frédérique, PUDAL, Bernard, Mai, Juin 68, Les Editions de l'atelier, 2008. )