Le 24 avril, est une triste occasion d’écorner une page de l’histoire.
C’est dans l’amertume que se nourrissent parfois les égards accordés à une date symbolique.
Il y aura un an, jour pour jour, que s’était effondrée l’usine textile du Rana Plaza à Dacca au Bangladesh, et avec elle les fantasmes dupant notre vision de l’univers de la mode…
Cet évènement tragique pointa les failles de l’industrie du textile et l’immoralité poussée à son paroxysme.
C’est sa propre démence que l’industrie du textile donna en pâture à l’éclatement de ce drame : une économie obscène, huilée par la course à une croissance irraisonnée, où la faim justifie les moyens, ou devrais-je dire, la réduction de moyens.
Celles des coûts, pour un bénéfice toujours plus gourmand, celle des salaires ridiculement bas des ouvriers qui font la mode d’aujourd’hui, la Fast Fashion (une mode jetable, fabriquée vite pas des êtres humains, pour que d’autres puissent la consommer vite, puis la jeter vite…on marche sur la tête !), et la compression maximale des dépenses pour la sécurité des bâtiments et la prévention des incendies.
Cette économie injurieuse fait l’impasse sur ce qu’il y a d’essentiel : les droits de l’Homme.
Les pratiques, jusqu’alors invisibles par les consommateurs mais bien connues de leurs instigateurs, gangrènent. Mais qu’importe le business s’embrase et la demande est enfiévrée…
On continue de fermer les yeux sur ce fonctionnement anormal de la production de richesse, le mal ronge progressivement les entrailles de l’industrie du textile, les cellules nécrosées ne peuvent plus tenir leurs fonctions normales dans l’organisation, et c’est l’implosion !
La mort prématurée de plus de 1300 innocents.
A ce stade, ni le poids des décombres ne suffit à étouffer cet obscène commerce de dupe, ni la poussière montante des gravats ne parvient à aveugler les observateurs à l’échelle internationale : ONG, consommateurs, industriels, journalistes, politiques… ces signaux ne peuvent plus échapper au regard.
En cherchant les victimes, ce sont les étiquettes de bourreaux que l’on trouve…
Dans les vestiges de ce qui fut le Rana Plaza gisent des corps sans vie… et parmi les silhouettes inanimées des victimes, des étiquettes… celles des bourreaux… Carrefour, Auchan, Benetton, Primark, Le Bon Marché, Camaïeu, Mango (et ses regrettables « regrets » sur Twitter ), et bien d’autres…
Ces étiquettes, sont-elles celles que vous portez ?
Impulsé par le drame du Rana Plaza, le mouvement Fashion Revolution Day a été fondé par Carry Somers en Grande-Bretagne, pour inviter le grand public à se questionner sur la provenance de ses vêtements.
Vous voulez rejoindre le Fashion Revolution Day ?
Usez du selfie à bon escient, c’est tout ce qui vous sera demandé pour devenir sympathisant !
Le thème de ce premier Fashion Revolution Day est “Who Made Your Clothes ?” / “Qui a Fait Vos Vêtements ? »
Un geste encore plus simple que le tri sélectif est recquis :
- celui de porter un vêtement à l’envers ou de montrer son étiquette (#insideout),
- vous prendre en photo, envoyer votre selfie à France@fashionrevolution.org
- le publier sur vos réseaux sociaux avec le #insideout #fashionrevolutionFR
- Vous pouvez aussi le diffuser sur le twitter du mouvement et la page Facebook
Le narcissisme devient une vertu : le selfie et le #insideout renversent nos visions pour les explorer depuis l’intérieur.
Porter ses vêtements dans le mauvais sens, en révèle la face cachée, divulgue ses contre-sens.
Puisse ces selfies mettre vos étiquettes en évidence, vous amener à les lire, les contempler, vous interroger, vous informer, échanger…avant d’acheter !
Dans un prochain post découvrez le bilan un an après l’effondrement de l’usine textile du Rana Plaza, ce que nous pouvons faire, les alternatives possibles et bonnes pratiques pour une mode responsable…
Stay Tuned !