A chaque début de printemps, criant sur une tonalité plus habituelle chez les petits piafs que chez les rapaces, le milan noir fait des ronds dans le ciel. Saison peace and love rime avec opération immobilière : le milan noir, piètre bâtisseur et se méfiant des constructions neuves clés en main des promoteurs incompétents (ce qui montre que cet oiseau a du bon sens), le milan, disais-je, retape un vieux nid de corvidé et y installe madame. Pour l’instant, on en est là, et les milans tournent, tournent, … ça drague sévère dans la haute atmosphère.
D’ici un bon mois, madame pondra et attendra patiemment que les œufs éclosent et que monsieur lui rapporte de quoi se sustenter, puis, encore un bon mois après, de quoi nourrir la nichée.
Plusieurs couples de milans nichent du côté de Bordeaux, notamment dans et à côté de la réserve naturelle du marais de Bruges. Près de chez moi, un bois en friche avec des arbres immenses sert d’abri à ces oiseaux sublimes. Un projet d’aménagement de parc urbain, couplé à un projet immobilier (les fameux promoteurs que fuit le milan), va changer le paysage. Je comprends bien qu’il faille construire des logements pour les nouveaux arrivants sur l’agglomération. Je comprend aussi qu’un jardin où déambuler aura son charme. J’aimerais juste qu’il reste suffisamment de grands arbres pour que les milans continuent à y faire leurs petits dans des nids d’occasion, qu’il y ait assez de friche encore, des zones sans gazon anglais ni bitume, pour que ces oiseaux (et les autres) puissent continuer à se nourrir.
Photo prise au niveau du Jardin Public de Bordeaux en mars 2014