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Fils de personne de Roberto Alajmo (2007)

Par Deslivres.fr
Conseil de lecture: Fils de personne de Roberto Alajmo (2007)Roberto Alajmo est un auteur sicilien né à Palerme en 1959. Il publie des récits et des comédies. Les romans Un cœur de mère et Fils de personne tous deux traduits par Danièle Valin, ont été publiés en 2005 et en 2007 en France.
Attention au premier, débarrassez-vous de votre cœur de mère pour le lire. Moi, on ne m'avait pas prévenue.
Quant à Fils de personne, il y a des débuts de roman qu'on n'oublie pas. Celui-là commence avec une famille de siciliens dans un quartier populaire de Palerme.
Le père de Tancredi a été tué et le jeune homme s'est enfermé dans les toilettes alors que de l'autre côté de la porte est allongé le macchabée. Les Ciraulo offrent un spectacle animé et amusant, entre la grand-mère, la rude mémé Rosa, Loredana la mère qui pleure, le grand-père trop docile et Masino le neveu rusé. Et le père ! Nicola est mort - paix à son âme - mais lors d'une enfilade de retours en arrière, le lecteur fait connaissance avec ce père burlesque. Plus qu'un père de famille, c'est un chef, tenace lorsqu'il s'agit de récupérer de l'argent notamment celui de la mort de leur fille, victime de la mafia. Et comme ces chefs qui ont toujours raison mais qu'on floue, il est ridicule.
Fils de personne repose sur une énigme. Tancredi a-t-il vraiment tué son père ? Faut voir. Avant de le dire, Roberto Alajmo mène une narration complexe en revenant sur le passé des personnages. Que ces séquences nous donnent des clefs pour mieux comprendre les agissements des personnages, c'est bien possible. A moins qu'elles ne servent à renforcer le comique de cette famille empêtrée dans le fonctionnement de la société ? C'est bien possible aussi. Les grèves, la débrouille, la justice, la mafia et la pauvreté sont de la partie. Rions avec les Siciliens. Toutefois elles n'ont pas la seule vertu de dessiner un décor réaliste, elles nuancent la bouffonnerie des personnages . Un bouffon sans décor est amusant, c'est guignol, mais un bouffon sur fond de mafia, c'est grinçant.
Et puis, il y a Tancredi. Il reste le personnage principal. Un simple, en tout cas un ordinaire incapable de se débrouiller. Roberto Alajmo lui réserve un traitement particulier. Il l'isole comme l'est le personnage. Le point de vue de Tancredi interroge ingénument le comportement des membres de la sacrée famille à son égard. Elle est comme cela l'écriture d'Alajmo : elle feint la candeur sans nous laisser idiot trop longtemps car il nous appartient de recoller les morceaux du récit pour faire la lumière sur l'affaire.
Ne pas perdre la face, ne pas perdre de fric. Roberto Alajmo nous rend témoin d'un cynique cheminement. On ne rit pas à gorge déployée en lisant ce roman, on jubile à lire l'art de tourner en dérision des comportements de salauds.

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