Jacques Duphly est né en 1715, l’année de la mort de Louis XIV, et mort l’année où on brûlait les clavecins en Place de Grève, emblèmes honnis de l’aristocratie, en 1789. Entre ces deux dates un élégant professeur de musique et profond compositeur offrait à la postérité quatre Livres de clavecin.
Duphly passa une vie de labeur dans la discrétion, comme tout artisan, comme la plupart des hommes. Combien de musiciens sont restés et resteront confinés au rang de petits maîtres, juste parce que les biographes n’ont rien eu à se mettre sous la plume à leur propos ? Il faudrait le génie littéraire d’un Pascal Quignard qui retailla une biographie à Monsieur de Sainte Colombe, ou plus récemment une Cecilia Bartoli qui redonne un visage et une voix à Agostino Steffani, compositeur (bel et bien) disparu il y a 300 ans.
Sans descendance, Jacques Duphly légua ses biens à celui qui fut son domestique durant 30 ans. Largement de quoi lui inventer une belle et tortueuse biographie ! En attendant, il nous reste sa belle musique. Mais au fait… n’est-ce pas là l’essentiel ?
Paul Kristof
DUPHLY, Jacques. Pièces de clavecin (Aparté, 2012) Disponibilité
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