Le Chardonneret de Donna TARTT

Par Jellybelly

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Édith SOONCKINDT-BIELOK

Depuis quelques jours, plus d'articles sur le blog, et pour cause... j'étais accaparée par la lecture du tout dernier roman de Donna TARTT "Le Chardonneret". 787 pages au contenu dense, de quoi vous occuper quelques heures, mais quel plaisir...

La 4ème de couverture est très discrète sur le contenu de ce très beau roman, se résumant à quelques questions pour susciter les convoitses du lecture.

Je ne vais décemment pas vous laisser dans cette situation...

Theo est un jeune garçon de 13 ans. Ses parents sont séparés. Sa mère, avec qui il vit, est passionnée d'histoire de l'art. Pas étonnant donc qu'en attendant un rendez-vous fixé par le directeur de l'école de Theo pour mauvais comportement et par une pluie effroyable sa mère lui propose la visite d'un musée New Yorkais. Tout au long de leur déambulation, un homme âgé et une petite fille suivront leur parcours et les explications de la mère de Theo avec une attention non dissimulée. En fin de visite, la mère propose à Theo qu'il se rende à la boutique où elle le retrouvera. Et là, une importante explosion souffle l'ensemble du site. Theo survivra à l'explosion, sa mère non. Avant de quitter un univers dévasté par le plus grand des chaos, il repérera le vieil homme et l'accompagnera pour ses derniers instants. Avant de décéder, l'homme lui confie une bague qu'il lui demande de remettre à une adresse et l'incite à emmener avec lui un tableau, Le Chardonneret.

Je ne vous en dis pas plus !

Commence alors le parcours initiatique d'un jeune garçon privé de sa mère. Il est, dans un premier temps, accueilli par la famille d'un de ses copains d'école. Il sera ensuite emmené par son père dans le Kansas. Là, il se prendra d'amitié pour un garçon de son âge, Boris, avec qui il va découvrir l'autonomie (les 2 garçons sont livrés à eux-mêmes), l'alcool, la drogue, la sexualité...

Donna TARTT complète ce portrait caustique de la jeunesse américaine d'aujourd'hui avec le personnage du père au travers des jeux d'argent dans lesquels il sombre chaque jour un peu plus. Ce vice n'aura-t-il pas raison de Theo ?

Ce roman aborde également le sujet de la culpabilité. Comment Theo pourrait-il ne pas se considérer responsable de la mort de sa mère alors qu'elle est avait été contrainte de prendre une journée de congés pour aller à ce rendez-vous généré de son fait ? S'il n'avait pas fumé sur la cour de l'école, sa mère n'aurait pas été convoquée, elle aurait été à son travail et aurait ainsi échappé à cette explosion. Comment construire sa vie après un tel choc émotionnel et avec un tel poids sur les épaules ?

Heureusement, il n'y a pas que des "méchants" et Theo va faire la connaissance d'un homme formidable, Hobbie, l'associé du vieil homme, décédé au musée. C'est Hobbie qui ouvrira la porte et accueillera Theo à l'adresse indiquée. Cet homme est passionné par le travail du bois, il passe ses journées, seul, au sous-sol de la maison, à restaurer, poncer, cirer, des pièces que le vieil homme s'attachait à vendre dans la boutique aménagée au-dessus. C'est homme inspire le respect, il transmet à Theo des valeurs saines. Sa voix résonnera-t-elle suffisamment fort aux oreilles de Theo lors de situations risquées ?

L'auteure rend hommage à l'artisanat d'art avec la passion de Hobbie. Elle va plus loin encore. Elle fait sortir de l'ombre un peintre, Fabritius, oublié de tous. Elève de Rembrandt, maître de Vermeer, cet homme est mort dans l'explosion (l'écriture unit les deux destins !) de la poudrerie de Delft, située non loin de son atelier. De ce peintre du XVIIème siècle, seule une douzaine d'oeuvre lui a été attribuée, dont Le Chardonneret, ce tableautin à peine plus grand qu'un format A4. Donna TARTT lui rend hommage, ce roman est un très beau prétexte.

Il est des romans longs dans lesquels on apprécie de retrouver chaque jour les personnages. Le Chardonneret est assurément de ceux-là !

Annie