Aujourd'hui, j'ai testé –un cake aux fruits et épices pas comme les autres

Hier après-midi, j’ai testé une toute nouvelle recette. Une recette qui a parfumé tout l’appartement et qui a réveillé nos papilles –même si en réalité, elles ne sont jamais vraiment endormies… Une recette dont le résultat m’a vraiment mis en appétit. Mais j’ai réussi à tenir : suivant les indications, je lui ai laissé le temps de refroidir ; dévouée à mes lecteurs, j’ai attendu la lumière du jour pour le photographier une fois glacé.

À l’heure ou les photos d’asperges, radis, petits pois, choux-fleurs et autres produits de saison poussent un peu partout sur la toile comme les bourgeons au printemps, je vous propose encore une fois une recette plutôt hivernale. “Parfaite pour Noël” –selon soeurette qui se voyait bien manger une part de cette petite merveille au beau milieu de paquets, rubans, papier cadeau et odeur de pin, pendant ce mois si particulier, marqué par l’attente, la créativité et la considération.

Ne voyez pas là de la nostalgie. Croyez-moi, j’ai vraiment hâte aux beaux jours et même aux giboulées qui nourriront la terre, aux balades et aux piques-niques, aux petits frissons et chair de poule provoqués par la brise sur notre peau pas assez couverte pour la saison, aux caresses des doux rayons de soleil, aux parfums de fleurs butinées, aux olives et verres de rosé… 

Non, cette recette n’est pas survenue suite à une forte envie d’hiver mais plutôt par un concours de circonstances. Comme je vous le disais il y a une dizaine de jours, je suis passée acheter un moule à cake chez Hema pour refaire avec Monsieur sa recette de Cake au citron et épices. Après avoir trouvé le moule en question, j’ai parcouru –rapidement, sinon c’est dangereux pour le porte-monnaie– quelques rayons en quête de beurre de cacahuètes. Il n’y en avait plus, mais je suis tombée sur cette pâte à tartiner pomme-poire, à l’étiquette et au prix assez séduisants.

Après avoir ouvert le pot, en voyant la couleur de plus près, en plongeant un couteau dedans et en goûtant rapidement, j’ai pensé à une version très sucrée de Vegemite, véritable symbole de l’Australie souvent repoussant pour le reste du monde mais dont je n’ai plus qu’un vague souvenir. Ça m’a aussi un peu fait pensé au Naturetti, une pâte de pruneau agissant contre la constipation occasionnelle !

Autant dire que ce ne fut pas un coup de foudre gustatif !! Et pourtant, même si je n’ai pas du tout aimé, j’ai à la fois retrouvé, enfoui quelque part, quelque chose d’assez plaisant. Cela doit être dû au fait que les deux produits auxquels j’ai associé cette pâte bizarre s’accompagne aussi de souvenirs agréables. J’avais goûté le Vegemite lors d’une super soirée entre amis et j’avais eu recours au Naturetti pendant des vacances mémorables à la plage…

Et puis je me suis plusieurs fois répété que ce n’était pas normal de ne pas aimer : après tout, une douceur à base de pomme et de poire, ça ne peut être que bon ! Après l’avoir testée seule, je l’ai goûté sur différents pains, à différents jours d’intervalle. Toujours pas fan, mais c’est vrai qu’on s’habitue un peu, progressivement. Et puis ma mémoire a enfin retrouvé quelque chose d’utile dans mes archives : “Eurêka ! En fait, c’est de l’apple butter !!!”…

Ces derniers mois, j’étais à plusieurs reprises tombée sur des recettes intéressantes comportant cet ingrédient, dont j’avais trouvé des informations sur Wikipédia. “L’apple butter est une forme très concentrée  de compote de pommes, obtenue par une longue cuisson du fruit à basse température avec du cidre ou de l’eau. La caramélisation du sucre contenu dans les pommes produit une couleur brun foncée. (…) Le produit ne contient pas de laitage ; le terme “beurre” fait référence à la consistance épaisse rappelant du beurre pommade et au fait que l’on utilise le plus souvent l’apple butter sur des tartines de pain.”

Crédit photo : Man vyi

Il semblerait que les origines de ce produit, largement connu et manifestement assez souvent utilisé aux États-Unis, résident pas loin de chez nous. Au Moyen-Âge, une grande partie des récoltes de pommes était transformée en apple butter dans des monastères aujourd’hui situés en Allemagne, Belgique et Pays-Bas. Le but était principalement d’allonger la durée de vie des fruits, puisque le résultat se conserve facilement pendant plusieurs mois.

Et pourtant, pas d’équivalent français… Après avoir lu les premières lignes de l’article, j’avais cherché des recettes pour en faire moi-même à la maison. Au vu de l’investissement (en temps) que cela supposait, j’avais vite laissé tomber…

Et voilà qu’Hema en proposait une version poirée ! C’était parfait, j’avais enfin compris comment utiliser cette pâte au goût étrange –en pâtisserie. En faisant quelques recherches pour rédiger ce post, j’ai trouvé un équivalent francophone : le Sirop de Liège. Vous connaissez ? Pas moi, et même si la composition est légèrement différente, ce doit être idéal puisque les dattes s’accordent à merveille avec l’orange et la pomme.

Bref. Ayant écarté les recettes préalablement repérées –faute d’apple butter– j’ai dû faire une nouvelle recherche. Et j’ai retenu ce magnifique Spiced Apple Cake with Orange Glaze proposé par Musselman’s, une coopérative de Pennsylvanie. Au départ, j’allais diviser les quantités par 2, puisque je n’avais plus assez d’apple butter… puis je me suis ravisée –une pomme coupée en dés pourrait en partie le remplacer– et j’ai vraiment bien fait car on aurait été en manque !

Les ingrédients de ce beau cake de 8 à 10 parts :
- 225 g d’apple butter, pâte à tartiner Hema ou Sirop de Liège
- 250 g de farine de blé
- 170 g de sucre semoule
- 110 g de beurre doux, mou ou fondu (+ pour le moule si nécessaire)
- 100 g de fromage blanc (ici 1 Calin 0%) + 30 ml de lait (écrémé pour moi) OU 130 g de yaourt
- 2 oeufs
- 1 pomme
- 1/2 càc de noix de muscade en poudre
- 1/2 càc de clou de girofle en poudre
- 1/2 càc de cannelle en poudre
- 2 pincées de sel
- 1 càc de bicarbonate

Et pour le délicieux glaçage :
- 1 orange bio
- 125 g de sucre glace

Et la recette de ce Cake pomme, poire, épices et glaçage à l’orange :
1. Préchauffer le four à 175ºC (ou 180ºC). Beurrer/chemiser le moule à cake si nécessaire et laver la pomme.
2. Dans un grand saladier, bien mélanger tous les ingrédients secs à l’exception du sucre : farine, sel, bicarbonate et épices.
3. Dans un autre récipient, fouetter le sucre et le beurre jusqu’à ce que le mélange blanchisse et devienne mousseux. Ajouter les oeufs (bien fouetter), puis le(s) laitage(s) restant(s) et mélanger à nouveau.
4. Bien incorporer l’apple butter, pâte à tartiner Hema ou Sirop de Liège. Verser l’appareil (qui a vraiment, à ce stade, un goût de crème de marrons… !) dans le moule.
5. Peler la pomme et la couper en tout petits dés. Les déposer délicatement sur la pâte et enfourner pendant 50 à 60 minutes. Si nécessaire, protéger le dessus du cake à l’aide d’une feuille de papier aluminium et/ou baisser légèrement la température en cours de cuisson.
6. Vérifier la cuisson à l’aide d’un couteau puis laisser refroidir (2 heures minimum) avant de démouler.
7. Préparer alors le glaçage : zester l’orange préalablement lavée et séchée, réserver ; presser le fruit puis mélanger 2 càs de jus au sucre glace avant d’incorporer le zeste.
8. Verser sur le cake. Attendre au moins une heure de préférence avant de le trancher.

Le résultat est tellement délicieux… que cette recette fera forcément partie de mon Top 3 de l’année prochaine ! Les saveurs du cake rappellent beaucoup celles du pain d’épices et d’un cake aux fruits confits, mais la consistance est aussi moist et fondante que celle d’un carrot cake ; ultra-gourmand, le glaçage évoque les biscuits Chamonix de LU… En fait, ce cake est un peu comme une nonnette géante. Et je peux vous dire qu’il a fait des adeptes.

Monsieur l’a trouvé trop sucré –forcément, vu qu’il n’aime pas les pâtisseries– mais Maman, complètement séduite, m’a vraiment pressée pour que je publie la recette sans tarder. Et je pense que ma nouvelle voisine, à qui j’en ai donné deux parts pour lui souhaiter la bienvenue, a dû se sentir plutôt bien accueillie. En tout cas, moi je serais immédiatement tombée sous le charme de mes voisins s’ils m’avaient offert une merveille pareille à mon arrivée.

Ceux qui me suivent depuis quelque temps savent que je suis assez critique avec les recettes publiées ici, qu’elles soient miennes ou piochées ailleurs. Donc si je dis que ce cake est une merveille, c’est que c’est une merveille. Alors si vous voulez vous lancer, n’essayez pas la recette à moitié. Ne divisez pas les quantités, n’omettez pas le glaçage. Vraiment. Et dégustez tranquillement avec un thé.

Prochains tests au programme (une fois que je serai repassée chez Hema) : une version marbrée puis une version ronde fourrée ou surmontée de crème fouettée, peut-être à base de mascarpone… mais toujours à l’orange !