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Au cinéma : «Aimer, boire et chanter»

Publié le 23 mars 2014 par Masemainecinema @WilliamCinephil

Décédé le 1er mars 2014, Alain Resnais laisse derrière lui un dernier long-métrage : « Aimer, boire et chanter ». Le réalisateur adapte librement « The life of Riley » de Alan Ayckbourn, dont il avait déjà adapté d’autres œuvres avec « Smockin/No Smocking » et « Coeurs ». On retrouve devant sa caméra Sabine Azéma, André Dussolier, Michel Vuillermoz ou encore Sandrine Kiberlain. Le long-métrage reçu le prix Alfred-Bauer à la 64ème Berlinale. « Aimer, boire et chanter » sort dans nos salles françaises le 26 mars 2014.

Synopsis : Dans la campagne anglaise du Yorkshire, la vie de trois couples est bouleversée pendant quelques mois, du printemps à l’automne, par le comportement énigmatique de leur ami George Riley. Lorsque le médecin Colin apprend par mégarde à sa femme Kathryn que les jours de son patient George Riley sont sans soute comptés, ils persuadent George de se joindre à eux et leur troupe de théâtre d’amateur local …

Comme il a été souvent le cas dans les derniers longs-métrages d’Alain Resnais, le théâtre a une place primordiale dans « Aimer, boire et chanter ». Dès le début, le réalisateur français casse les codes du cinéma, en faisant croire au spectateur qu’il assiste à un dialogue entre deux personnages alors qu’il s’agit d’une répétition pour une pièce de théâtre. Dans une représentation en quatre actes, Alain Resnais s’attarde sur les histoires amoureuses entre plusieurs personnages … peut-être un peu trop longtemps d’ailleurs. Si l’introduction et l’acte final sont marqués par un certain sens du rythme, le milieu du long-métrage se fait sentir malgré ces une heure et quarante-huit minutes. Il aurait fallu plus de matière scénaristique pour tenir en haleine le spectateur. Heureusement, l’humour si particulier de l’écriture d’Alain Resnais est présent, entre cynisme et vulgarité raffinée. « Aimer, boire et chanter » aurait mérité à être plus condensé, pour convaincre davantage.

Avec ce nouveau long-métrage, Alain Resnais retrouve des acteurs qu’il connaît bien. Hippolyte Girardot, André Dussollier et Michel Vuillermoz forment un ensemble assez complet, démontrant tous les aspects de l’homme dans une finesse et un humour efficace. Les trois performances des acteurs sont talentueuses même si Michel Vuillermoz écrase ses deux compagnons dans ses moments de délires fantasques assez réjouissant. Sabine Azéma est moins inspiré qu’à l’habitude mais trouve une étincelle dans sa folie contagieuse. Caroline Silhol essaye désespérément d’être à la hauteur des autres acteurs, sans jamais y parvenir. Quant à Sandrine Kiberlain, qui fait son entrée dans la troupe du cinéaste, elle émerveille les cadres avec sa douce colère. Les acteurs s’expriment d’une manière très théâtral, renforçant l’idée que le long-métrage embarque le spectateur dans un monde à part, un monde où les rideaux définissent les barrières de l’espace scénique.

L’une des merveilleuses idées de « Aimer, boire et chanter » est de peindre les décors sur de grandes toiles. Tout est mis en place pour créer un petit théâtre dans l’écran de cinéma. Les décors et l’image rendent presque un côté picturale. Le cinéaste français va même jusqu’à introduire les lieux à l’aide de peinture. Si le côté esthétique est très travaillé, le côté technique l’est moins. On retrouve les us et coutumes du cinéma d’Alain Resnais, qui n’arrive pas à retrouver un renouveau. Sans pour autant être dérangeant, on se retrouve avec la désagréable impression d’avoir déjà vu cela et en mieux. Cependant, « Aimer, boire et chanter » se trouve être intéressant lorsqu’il aborde le thème de la mort. Étrangement, on découvre un curieux parallèle entre la fiction et la triste réalité du décès du réalisateur peu de temps avant la sortie du long-métrage. C’est alors que la séquence finale signe la fin de « Aimer, boire et chanter » mais aussi, d’une façon très belle, la carrière d’Alain Resnais.

« Aimer, boire et chanter » est un long-métrage à la créativité visuelle étonnante, mais où le spectateur trouvera la narration bien longue. Une dernière œuvre d’un grand cinéaste français assez étrange, où la fiction rattrape la réalité. Reste la conviction qu’Alain Resnais est et restera l’un des plus grands réalisateurs français.

Aimer, boire et chanter - Affiche

Aimer, boire et chanter. De Alain Resnais. Avec Sabine Azéma, André Dussolier, Hippolyte Girardot, Sandrine Kiberlain, Caroline Silhol, Michel Vuillermoz, …

Sortie le 26 mars 2014.


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