Cela faisait quelques temps que je n'avais pas mis en avant, dans ma chronique des avant premières du dimanche soir, un "petit" film indépendant un peu avant qu'il ne sorte en salles, n'est ce pas?
Mes dernières chroniques de films en salles ciblaient plutot de grosses productions qui n'avaient pas forcément besoin de coup de pouce particulier, ce qui n'est pas forcément le cas de "la Braconne", le premier film d'un jeune réalisateur français, Samuel Rondières, qui sort en salles non pas mercredi prochain, mais celui d'après, le 2 avril, et que j'ai eu la chance de voir en avant première cette semaine( merci à Ciné Sud pour cette belle découverte).
Malgré la présence de l'immense Patrick Chesnais en tête d'affiche, on se doute que la Braconne aura du mal à se faire une place dans la jungle des sorties quotidiennes, surtout en une semaine du 2 avril où les mastondontes seront légions (Johnny Halyday, Jean Reno, Keanu Reeves).
Et cela est dommage, tant « La Braconne » est joli film, modeste dans sa forme et dans son propos, mais avec un joli regard loin des clichés sur ses deux personnages principaux.
La Braconne », c'est l' histoire de deux voyous à la petite semaine, un jeune beur des cités pas vraiment bien rodé aux régles de la débauche, et un vieux briscard des arnaques un peu blasé mais qui connait parfaitement les ficelles du métier.
Si le film est le récit de leur rencontre et leur difficile cohabitation, entre arnaque et plan galères, Samuel Rondière évite les pièces du buddy movie classique comme on a en a vu des dizaines ( des centaines de fois même)...
Il s'agit plus ici d'un passage de relais entre ce vieux braqueur fatigué, poursuivi par des mafieux pas bien sympas au sujet d'une dette difficile à rembourser, et ce jeune délinquant un peu trop immature, qui va apprendre à se canaliser, que d'un vrai récit iniatique, et le film procède par petites touches impressionnistes, de petits fragments en apparence anodines mais qui, au bout du compte reste en mémoire du spectateur .
Mais La Braconne est également et peut-être avant toute autre chose un joli film d'ambiance, puisque l'intrigue se situe dans un décor très typé, une ZAC de la banlieue tourangelle, des lieux à la fois urbains et même temps comme vidés de toute substance et présence humaine. Nos deux (anti) héros sont très souvent dans leurs bagnoles, à tel point qu'on à l'impression que Danny, le vieux de la vieille, y passe ses jours et même ses nuits.
Danny, donc c'est l'immense Patrick Chesnais qui le joue, et aussi incroyable que cela puisse paraitre, c'est une des toutes premières fois, à 65 ans passés, et plus de 40 ans de carrière qu'il joue un malfrat, lui permettant d'aborder un pan de son jeu qu'il n'avait encore jamais exploré, même s'il y met toujours autant d'humanité et de tendresse derrière son ton fatigué et son regard à la Droopy....Et dans le rôle du jeune Driss, le jeune,Rachid Youcef, un danseur de Breakdance pour la première fois à l'écran est assez étonnant.
Toute la direction d'acteurs est d'ailleurs étonnament juste- rare pour un premier film-, ce qui montre la grande maitrise de Samuel Rondière à tous les niveaux...
On passera donc les quelques maladresses (et les personnages féminins vraiment trop minces notamment) pour profiter pleinement des petits bonheurs que nous procure cette savoureuse Braconne..
La Braconne Bande-annonce