Comédie sociale jubilatoire ! Le jeune Mourad raconte son enfance à Nice au coeur d'une famille algérienne aimante et exaltée. Il évoque ses deux jeunes soeurs, la timide et la révoltée, et la distance qu'il a préféré installer un jour entre lui et ses parents. Il s'installe alors à Paris chez un jeune cousin qui vit au crochet d'une bourgeoise quinqua. Il découvre un monde nouveau, facile, futile et aisé. Le fossé se creuse de plus en plus avec les siens. Ses débuts de prof de français en banlieue difficile n'arrangent pas les choses, il se trouve confronté aux rapports de force avec ses élèves et aux préjugés des enseignants. Avec Mourad on s'interroge sur la difficulté de trouver son identité et sa place. Loin des clichés du genre, l'auteur soigne des dialogues cocasses et tendres. La mère possessive et excessive, le père, sermoneur et drôle sans le savoir. Excellent le passage où il tance son aînée habillée trop court à son goût "tu crois que tu t'appelles Christine ?". Le cousin gigolo et sa philosophie du quotidien vaut aussi le détour. Il y a de la vie, de la bonne humeur , de l'énergie positive mais ce roman offre aussi une belle réflexion sur l'intégration et la transmission familiale. La famille, ciment et fondation, est le personnage principal de ce livre enjoué. La verve imagée de l'auteur emporte dans une lecture joyeuse compulsive. On referme ce livre, le coeur serein et apaisé. Jolie réussite !!
Un homme ça ne pleure pas, Faïza Guène, Fayard, 320 p 18€. En vente chez Lilly in the Vallée.
Faïza Guène signe ici son quatrième roman. Elle s'était faite remarquée en 2004, à l'âge de 19 ans, avec la sortie de son premier roman "Kife Kife demain". On avait alors parlé de "littérature du bitume". Jugement sévère, hatif et injustifié comme le prouve ce roman de la maturité, publié dix ans après.