« En fumant une Marlboro, j'essayais de réflévhir. Ce n'était pas chose évidente. Les capacités de mon cerveau étaient lourdement affectées par les substances chimiques auxquelles je l'exposais. J'hésitai à sortir la bouteille de whisky que je cachais dans l'un de mes tiroirs. La tentation était grande de s'abandonner à quelques rasades apaisantes, mais j'eus le courage de résister. Je pris alors mon petit carnet à spirales pour en noircir les pages d'idées qui me passaient par la tête.
Et si les trois jeunes filles et Salomone avaient fréquenté le Club Abxarus ? Ils auraient pu y faire une mauvaise rencontre. Un pervers aurait pu les convaincre de le suivre à Lille. Et là, les balancer dans la Deûle. Je décidai d'exposer cette théorie à mon père. Il ne se montra pas très réceptif à mon discours. Le temps et l'absence de preuves l'avaient, semblait-il, convaincu que les noyades étaient accidentelles.
Je me surpris à faire la morale au commissaire comme il l'avait fait avec moi, quelques mois auparavant.
- Tu sembles oublier la phrase que tu m'as dite il y a quelques temps, papa: peu importe que la raison de la mort paraisse évidente, ce qui interpelle, ce sont les circonstances qui ont conduit au décès. S'il subsiste la moindre interrogation, l'enquêteur doit faire son métier: enquêter. »
Éditions EX-AEQUO