Mange ! c’est son prénom. Elle me fait penser à Ernesto, vous savez, celui de Marguerite Duras, celui qui ne voulait pas aller à l’école parce qu’on lui apprenait des choses qu’il ne savait pas. Elle, c’est un peu pareil : elle ne sort pas de la cantine quand sonne l’alarme incendie, parce qu’il y a des assiettes à finir ! Et tout le monde la cherche. Comme pour Ernesto, au début, on ne sait pas qui manque dans le groupe d’enfants, mais quand on la retrouve, elle doit aller voir les autorités de l’école, avec ses parents. Et elle les laisse là, comme le fit avant elle Ernesto, parce qu’elle a mieux à faire : elle a faim de tout, de la ville et de ses secrets, des voyages avec le soleil sur les murs, elle croque même le point de l'exclamation sur l'affiche… Elle chante aussi, elle n’a peur de rien. Son moteur, sa faim, c’est la curiosité. C’est pour elle, tout est pour elle. C'est son histoire. Et l’ogre, direz-vous ? Le plus gros, le plus cruel, sur son trône, il ne lui fait pas peur. Il parle avec la même voix qu’un personnage de L’Histoire sans fin, le mangeur de pierre. Car le Néant qui mange le monde de Fantasia, le Pays Fantastique, ici n’est autre que Mange ! la bien nommée, quand sa faim oublie qu’elle doit aussi un peu partager, et revenir sur sa chaise, en attendant, entre ses parents et les autorités, mais en cultivant toujours son désir insatiable puisque tout, autour d’elle, lui dit : Mange !
J'ai vu ce spectacle, visible à partir de 7 ans, à la MJC-Centre social de Chilly-Mazarin (91)