Puisqu’ il m’est impossible de traiter « LE MONDE SELON LA PHYSIQUE » en weekend je prends le choix de le faire par deux semaines couplées et en milieu de semaine . Pour lors, je continue mes dialogues avec CANDIDE
-« je reviens sur quelques résultats importants de S.DEHAENE évoqués hier et qui sont déjà bien ébauchés chez VARELA qu’il serait foncièrement injuste d’oublier ….. Par conséquent je cite pour la dernière fois plusieurs extraits de son interview : « L'expérience est quelque chose d'universel à partir d'un certain niveau d'intégration cognitive, certainement partagé par tous les mammifères. ……..Il est beaucoup plus facile de se représenter ce que c'est d'être un gorille, ou d'être un bébé. Pourquoi poser la question ainsi ? Parce qu'on discerne l'inséparabilité entre l'expérience, ….., et les mécanismes d'émergence d'une sorte d'habitation d'expérience. Les sons, les odeurs, n'existent pas en tant que tels, mais seulement relativement au sujet cognitif……
L'apparition du langage va faire la différence entre avoir une expérience, reflétée par un comportement neuronal, et la capacité réflexive…….
La conscience dans le vide, ça ne donne rien. Elle doit s'incarner dans un univers cognitif complexe. C'est à l'intérieur de l'expérience qu'il y a cette nouvelle capacité d'auto description. C'est l'expérience de se référer à soi, de se référer à sa propre expérience. La réflexivité est quelque chose d'absolument crucial, c'est la grande mutation qui se produit avec l'apparition du langage chez l'homme. ……….Certains chercheurs utilisent le terme de conscience primaire pour désigner la conscience non réflexive. C'est intéressant, parce que dans la vie quotidienne 90 % de l'expérience est primaire, pas réflexive . »
-« Pourquoi dis-tu Papy que les sons , les odeurs , les visions , n’existent que par rapport au sujet ?
-« Ca me semble évident Pierre , ce que tu vois d’une couleur ou avec contraste est vu par d’autres mammifères autrement , car les propriétés des cellules du sens de la vision ont évolué différemment chez chacun …. Et à ce sujet VARELA ajoute : « Il va de soi que l'option qui considère le cerveau comme un système incarné n'est pas adaptationniste. La vision des couleurs en donne une bonne illustration. Si la vision adaptationniste a raison, les choses ont une couleur intrinsèque. Si la vision de l'évolution douce est pertinente, nous aurons une diversité des mondes chromatiques, non superposables les uns aux autres. Or quand on étudie comment voient les animaux, on constate qu'il y a une très grande diversité des mondes chromatiques, penta chromatique, tétra chromatique, tri chromatique, bi chromatique, qui ne sont pas superposables, et correspondent pourtant tous à des lignées animales tout à fait viables. Alors, qui voit la vraie couleur ? Nous, les pigeons qui voient en penta chromatique, ou bien les abeilles qui voient dans l'ultraviolet ? Quelle est alors la couleur du monde ? »
-« D’accord PAPY ! Ce point sur les divergences de sensations me semble acquis ,…alors que nous apporte de plus STANISLAS DEHAENE avec LA PHOTO D’HIER sur son étude d u phénomène de la lecture chez l homo sapiens ?
-« Là Pierre , nous allons plus loin .Je te fais remarquer d’abord que nous avons franchis un grand pas entre la sensation ( un homo voit un oignon ) , la perception ( qu’est ce c est ? ) , et l’introduction de la symbolique vis a vis de l oignon (homo: son potentiel vocal , son expérience, son langage etc. ). Je dois alors me référer au superbe interview que STANISLAS DEHAENE a donné à LA RECHERCHE EN FEVRIER 2011 « Comment le cerveau apprend ? » dont je vais m’efforcer de tirer la quintessence !PHOTO
-« Nous sommes des vivants « à part »PAPY !!!!!…IL y a des choses que notre origine simienne a oublié ? Qui sont modifiées ?!
-« C ’est cela !je cite S.D : « Le bébé humain possède dans son hémisphère gauche un réseau cortical qui lui permet d'apprendre à parler : même s'il présente des similitudes avec le réseau auditif de certains primates, il s'en distingue par sa latéralisation à gauche et sa réponse rapide et efficace à la parole……. L'imagerie cérébrale a en effet révélé que……le cerveau du bébé est en fait beaucoup plus structuré pour les apprentissages qu'on ne le pensait……..
« L'idée que le cerveau serait une ardoise vierge sur laquelle viennent s'imprimer des apprentissages les plus divers est donc totalement erronée. Au contraire, les acquis s'appuient sur une machinerie organisée bien qu'en partie plastique. Notre hypothèse est que cette machinerie serait mise en place par des gènes spécifiques impliqués dans la mise en place du plan géométrique de l'organisme au stade embryonnaire.
« ( il y a )des régularités universelles que l'on retrouve dans toutes les langues du monde…….Mais les gênes ne conçoivent pas de mini-modules pré câblés dans le cerveau humain …… Leur action a plutôt pour effet de biaiser certaines régions cérébrales afin de faciliter l'apprentissage de certaines fonctions : ces biais génétiques confèrent à chaque secteur du cortex des qualités et des défauts qui lui sont propres.
« Mais il est clair qu'il n'y a pas de module cérébral spécialisé dans la lecture, invention culturelle beaucoup trop récente pour que notre cerveau l'ait incluse dans un quelconque programme génétique. » FIN DE CITATION
-« Je croyais Papy que tu allais me dire presque le contraire : la capacité symbolique de l’homme viendrait d’une transformation subtile de certains coins notre cortex en SHMILBLICK !
-« OUI ET NON ! je cite de nouveau S.D : « L'homme et le macaque ont en commun le même centre cérébral pour la numérosité : le sillon intra pariétal » mais si 'imagerie cérébrale suggère que l'homme possède aussi des neurones individuels qui répondent à un nombre précis(.2,4ou7), c’est par cette faculté d'association symbolique que l'homme se différencie des autres espèces…..
« Seul le cerveau de l'homme crée des symboles culturels. Son cortex préfrontal très étendu joue vraisemblablement un rôle particulier dans cette fonction symbolique. Ainsi, quand un enfant apprend à associer les symboles numériques à des quantités, il mobilise d'abord massivement son cortex préfrontal. Puis progressivement, l'activité est transférée vers le lobe pariétal. Lorsqu'on apprend la même chose à un macaque, des neurones du lobe préfrontal s'activent aussi mais le déplacement vers le lobe pariétal ne se produit pas.
L’idée que nous développons depuis longtemps avec Jean-Pierre Changeux, c'est qu'il y a un espace de travail global fourni par le cortex préfrontal, en lien avec d'autres régions par des connexions à très longue distance. Et ce fonctionnement permettrait à l'homme de briser la modularité dans sa manière d'apprendre »
A SUIVRE