Chronique du premier tome de la série Les Carsington, une très agréable découverte. A noter: c’est une réédition, il était déjà paru chez le même éditeur il y 5 ans.
Irrésistible Mirabel de Loretta Chase
Broché: 313 pages
Editeur : J’ai lu (5 mars 2014)
Collection : J’ai lu Aventures & Passions
Langue : Français
ISBN-10: 2290086347
ISBN-13: 978-2290086346
DISPONIBLE SUR LISEUSE: NON
Son résumé :
Le comte de Hargate s’arrache les cheveux. Son fils Alistair est un dandy qui, non content d’être toujours célibataire à vingt-neuf ans, dilapide la fortune familiale. Pire, c’est un véritable cœur d’artichaut, avec un net penchant pour les grisettes qui se font une joie de le plumer. Excédé, le comte lui lance un ultimatum : il a six mois pour trouver une épouse convenable. Alistair va alors faire la rencontre de la ravissante Mirabel Oldridge, dont il tombe immédiatement amoureux. Hélas, la réciproque est loin d’être vraie, car elle le considère rapidement come son ennemi personnel …
Mon avis :
Cette histoire est une très sympathique romance historique dont la force repose énormément sur nos deux héros : Mirabel et Alistair. C’est avec plaisir qu’on découvre deux personnages de 28 et 29 ans qui ont du vécu et de la personnalité.
Commençons par Mirabel, une jeune femme forte, qui a du tout abandonner, jusqu’à son fiancé, il y a 10 ans, pour prendre la tête de l’intendance de son domaine après les magouilles du régisseur précédent. Elle vit donc depuis dix ans avec de lourdes responsabilités sur les épaules tandis que son botaniste de père ne vit que pour sa passion. Ce dernier s’est complètement replié sur lui-même et sur ses recherches depuis le décès de sa femme il y a 15 ans, laissant Mirabel se débrouiller seule. Ce passé d’abnégation nous offre une héroïne très mûre, et surtout très plaisante.
Alistair, quant à lui, peine un peu à conquérir le lectorat. Il a accumulé les passades et les scandales pendant de nombreuses années, en jeune homme frivole et inconséquent, jetant le déshonneur sur sa famille et obligeant son père à dépenser de folles sommes pour enterrer toutes ces « affaires ». Pour le sauver d’un énième scandale, il part finalement sur le front d’où il revient blessé mais en héros. Petit problème : depuis son retour, s’il évite les femmes, il ruine sa famille en véritable dandy inconditionnel de mode. D’où l’ultimatum posé par son père : trouve un revenu ou épouse une jeune héritière, dans 6 mois, je te coupe les vivres ! Ce personnage ne m’emballait pas vraiment jusqu’à la moitié du roman environ, ses interactions avec Mirabel mettant en évidence une personnalité plus complexe et profondément changée par la guerre. Dès lors, il est devenu digne de Mirabel à mes yeux de midinette et j’ai commencé à l’apprécier.
Bien sûr, rien n’est simple, et leur rencontre n’est pas le fruit du hasard. Si Alistair, en véritable dandy londonien, se retrouve perdu dans la campagne du Derbyshire, ce n’est pas pour cueillir des marguerites. Il y est envoyé par son ami et associé, lord Gordmor, pour le représenter et convaincre la « populace » de laisser se construire un canal pour acheminer le charbon de leurs mines avec plus de rapidité. Or, le comté est plutôt contre le fait de dénaturer le magnifique paysage et la plus farouche opposante n’est autre que Mirabel. Son père et elle possèdent le plus grand domaine du coin, et il serait définitivement défiguré par la construction d’un canal.
S’ensuit alors un conflit entre Mirabel et Alistair. Pour Mirabel, Alistair est le pire représentant de la gente masculine. Sûr de lui, incapable de supporter le moindre faux pli à son gilet, il est détestable à souhait. De plus, il ose vouloir convaincre ses voisins d’accepter un projet des plus néfastes pour la région ! En femme intelligente, elle perçoit immédiatement combien il est dangereux, sa réputation et sa naissance pouvant faire accepter son projet à ses voisins qui n’oseront dire non au fils du comte de Hargate, grand héros de guerre. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, son opinion est faite et son plan de bataille tracé. Elle va tout faire pour l’empêcher d’arriver à ses fins.
Alistair, lui, met plus de temps à comprendre à qui il a affaire. Déjà, il commence à vouloir convaincre Mr Oldridge, ignorant que la véritable responsable du domaine est Mirabel. S’il la trouve très séduisante, il ne voit en elle qu’une femme, se permettant d’intervenir alors que le sujet la concerne peu et surtout, SURTOUT, très mal fagotée ! Pour ne pas distraire ceux qu’elle rencontre dans le cadre des affaires et pouvoir parcourir le domaine, Mirabel a abandonné tout effort pour être à la mode il y a bien longtemps. Or, pour le dandy qu’est Alistair, c’est une folie que d’oser se présenter dans des tenues aussi passées de mode et anti-féminines quand on est une jeune femme. Il perdra d’ailleurs le fil de la conversation à plusieurs reprises, choqué par tant de laisser-aller vestimentaire et capillaire. Mirabel, encore une fois plus intelligente que le gentleman en face d’elle, en jouera même, s’attachant à paraître toujours plus débraillée pour marquer des points.
Beaucoup de piquant donc, d’humour aussi, principalement grâce à Alistair et peu à peu, une passion qui va les consumer. C’est un cocktail classique mais terriblement efficace. D’autant que l’intrigue et l’ajout d’un ancien régisseur encore aigri emmène l’histoire et le lecteur avec simplicité jusqu’à la dernière page.
A noter également, une plume légère, agréable et qui ne s’englue pas dans le miel d’une romance trop sucrée.
En bref, une très bonne romance historique, deux héros profonds et attachants et une histoire qui se lit avec plaisir.