Voilà donc que la vérité éclate au grand jour, alors qu’on profitait pleinement de notre journée du Bonheur en se goinfrant pour l’occasion de macarons et en écoutant Indila, parce que c’est encore meilleur quand on arrête. Personne, parmi les élites les plus avisées de notre république n’ayant pu deviner un instant ce que laissaient planer les écrans de fumée lâchés ça et là, des rigolotes écoutes Sarkoziennes au détournement d’un Boeing malaisien, de la pollution soudaine au succès du dernier film de Kev Adams. Si malaise y a, c’est dans l’aveuglement généralisé d’une société qui refuse toujours de se rendre à la triste évidence lorsque cela touche aux icônes, aux modèles, à l’intime : ainsi donc, le couple Guetta serait bel et bien séparé et le monde aveuglé n’en savait rien. Bim ! Dis comme ça, on préfèrerait entendre l’annonce de la mort d’un proche, le retour de Trierweiler à l’Elysée ou l’entrée imminente dans la 3e guerre mondiale plutôt que d’avoir à supporter la terrible nouvelle alors même que le printemps venait se poser en douceur sur nos petits cœurs pleins de soleil et de carbone. Un modèle d’amour, de bon goût, de complicité et de gestion économique qui nous laissait croire depuis 20 ans que tout était encore possible dans ce monde de putes ! Les vacances à Ibiza n’auront plus jamais la même saveur, même si on est moins inquiet pour sa musique, qui n’en a jamais eu.
Récompensé pourtant de la médaille de Chevalier (du fiel) des Arts et des Lettres il y a quelques temps, voilà que le blondinet euphorique se voit suivi au palmarès par les ineffables Shaka Ponk, groupe de carnaval pour ados rebelles et futurs cracheurs de feu, et qui donne à penser à certaines instances qu’il y a encore une trace de rock au pays de Drucker et de Patrick Sébastien! Le problème c’est que Les Forbans, Elmer Food Beat, Superbus ou Kyo vont pouvoir gueuler à postériori et à juste titre pour réclamer aussi leur part de récompense pour services rendu à la nation. Au-delà de la musique (mais alors, bien au-delà), la grand-messe des Enfoirés est toujours un baromètre social important qui prouve d’année en année que la pauvreté augmente dans ce pays aussi vite que le niveau musical dégringole, mais que l’Etat ne fait rien, ni pour les uns ni pour les autres. Mais le but est atteint : devant son téléviseur, tout le monde mange…
Les chercheurs de la NASA ont bien compris quant à eux que l’humanité toute entière sera réduite à néant avant que l’on ouvre un Burger King sur Mars. Les sociétés fastueuses ayant toutes été détruites par un aveuglement forcené à ne pas vouloir redistribuer les richesses, comme toute bonne dictature, et non pas par les dinosaures, les coulées de lave ou les tsunamis taquins. Alors encore combien de gens d’Orange (la multinationale, pas la front nationale) devront passer par la fenêtre pour avoir la 4G gratos ? Combien de Jérôme Kerviel ruinés par les banques qui ruinent les Etats qui ruinent le contribuable ? Encore que se retrouver au Vatican pour évoquer le système bancaire et le blanchiment d’argent est assez cocasse… Combien de Mr Ramirez ou de Paul Bismuth pour échapper à la justice de ces « bâtards » de juges qui essaient juste de faire leur travail sans être influencés par ces « enculés » d’hommes politiques ? Combien de villes prises ce week-end par le Front National avant que le pays ne se réveille enfin de cette torpeur effrayante ? Il faudra alors plus d’un pansement pour soigner les petits bobos provinciaux et les gros Bobos parisiens englués dans leur superficialité quotidienne. Mais maintenant que leur QG, Colette, se fait braquer en plein jour comme le plus vulgaire des Intermarché du Vaucluse, on est peut-être en face d’une aube nouvelle. Un matin radieux où le soleil se lèverait sans son voile de particules, un monde sans Enfoirés, sans partis politiques, sans selfies, sans huile de palme et sans Photoshop. Un monde où l’on pourrait instaurer une fois l’an, à la Saint Nicolas par exemple, la journée du Malheur, histoire de ne pas se croire arrivé trop facilement. On prend vite de mauvaises habitudes.
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