Les Halles étaient vides vendredi matin. Pas un chat ! Il y régnait une ambiance de lendemain de « cuite ». Pas un bruit ! Des allées et des tonneaux sans âme qui vive. Quelques rares habitués cependant, toujours installés sur les mêmes tabourets et toujours affalés sur les mêmes comptoirs. Le nez à l’horizontale dans le Midi Libre ou l’Indépendant, ils les lisent méthodiquement l'un après l'autre : ligne à ligne. On devine à de brefs haussements d'épaules ce que cet exercice très cérébral exige de patience, d'attention et de concentration . C’est dans cette sinistre ambiance qu’un commerçant du lieu m’a donné à lire le règlement intérieur de ces Halles. Un texte serré et d’une ahurissante beauté ... disons surréaliste. On y lit que « les concessionnaires - les commerçants des halles - ne peuvent cracher ou uriner dans les passages et les étaux » ni « appeler les clients d’un étal à l’autre » ; qu'il leur est interdit « d'introduire ou maintenir dans les étaux et les passages des animaux de compagnie » ou « d'encombrer les allées de chaises et de tonneaux ». Quoi ! il ne manquerait plus que ça ... des Halles sans tonneaux ? Et pourquoi pas un pot au feu sans cornichons tant qu'on y est ? Saint Just sans Saint Pasteur ! Criminel ce serait ! N'est ce pas autour de ces barriques, en effet, que le petit monde narbonnais tous les dimanche se refait ? Qu’on y communie de tout et de rien, du futile et du sérieux, dans le vin, le jambon et ... souvent la dérision. Comme en ce samedi matin où les Halles étaient pleines, à la Bodega, chez l'ami Chamayou, autour d'un tonneau justement - jabugo et blanc sec, pas de Fino de Jerez, hélas ! - avec Hélène et Patrick, en fin de campagne et reposés ... Allez vivement Dimanche !
La Bodega
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