J'en parlais hier, une grande histoire vient de se terminer entre la FFMC et moi. Une page de 10 ans s'est tournée et elle ne pouvait bien entendu pas laisser de séquelles dans des esprits railleurs et espiègles, tel que ceux de mes anciens collègues. A cela, je regretterais néanmoins une personnalisation dérangeante, mais bon, mon ego reprend le dessus sur ce coup là sur mon esprit politique.
Mais faites gaffe, on apprécie vite les compliments et les applaudissements... Surtout quand on les pense sincères !
Voici donc le texte lu par Marc Leblanc après mon petit discours ému et triste de départ dans lequel moi même, je soldais quelques comptes avec quelques cons...
Contrairement à ce que certaines mauvaises langues prétendent laisser entendre en proférant cette exclamation douteuse : « Putain, encore Chocteau ! », il y eût une période dans l'histoire de l'humanité au cours de laquelle Guillaume n'était pas là. Toutefois, l'existence de cette branche de la famille des hominidés est attestée dès septembre 1940 par le préhistorien Henri Breuil, lors de sa première exploration de la grotte de Lascaux. En effet, selon ce grand savant, « l'homme de Chocteau », contemporain de Cro Magnon mais apparenté à Homo Neanderthalensis, apparaitrait 30 mille ans avant notre ère sur les peintures rupestres de la grotte, entre la chasse au mammouth et le rhinocéros laineux, sous l'aspect d'un énergumène plutôt bien charpenté, juché sur une sorte de gros caillou informe préfigurant sans doute la BMW R1100RT.
Chose curieuse, il semblerait que Guillaume fut, comme certains d'entre nous, un enfant. Je sais, ça surprend ! Toutefois, il nous faut donner crédit aux propos tenus par Madame Chocteau Mère, dans son essai autobiographique intitulé « Qu'ai-je donc fait au bon Dieu pour mériter ça ? », paru récemment aux Éditions de la FFMC sous un pseudonyme qu'il ne nous est pas permis de vous livrer. Ainsi, à la page 39 nous révèle-t-elle que tout bébé, Guillaume était déjà potelé, velu et râleur, pour ne pas dire irascible. A tel point que, afin d'épuiser son bruyant rejeton, elle lui racontait, le soir pour l'endormir, d'horribles histoires de méchants hommes qui portaient des culottes et des bottes de moto, des blousons de cuir noir avec un aigle sur le dos, montés sur des motos qui filaient comme des boulets de canon, semant la terreur dans toute la région.
Hélas ! Le résultat ne fut guère probant. Au lieu de terroriser le petit Guillaume, ces histoires lui déformèrent l'esprit au point de croire que les motards étaient les victimes d'un affreux complot destiné à les rayer de la surface du macadam. Pire, au lieu de le faire taire, elles lui firent ouvrir sa grande gueule encore plus. Un drame !
Jusqu'à ce jour, pour lui sacré entre tous (après la rencontre d'Agnès, toutefois) où, alors qu'il se consacrait à son passe-temps favori, la chasse aux cons, juché sur son Solex optimisé à l'huile de ricin, il croisa un buisson ardent sur lequel était perché un petit oiseau qui lui tint à peu près ce langage : « Guillaume, la planète et la France vont mal. Il faut que tu fasses quelque chose ». Désormais sa voie était tracée : Il serait motard écologiste, tendance Voynet, et anti-sarkosyste.
Toutefois, les choses ne furent pas simple pour notre Guillaume. En effet, à force de brailler comme un putois ou, si vous préférez comme une Mireille Mathieu rêvant d'orgasme ou une Lara Fabian qui se serait pris les doigts dans une porte, notre homme en avait oublié d'apprendre à parler normalement. Jusqu'à un âge avancé, Guillaume ne s'exprimait, en effet, que par des onomatopées voire des borborygmes (Mouarf, pffffffft, prout, poil, etc.). Il lui fallut donc rattraper le retard, ce qui ne fût pas une mince affaire compte tenu de sa capacité crânienne réduite. Ainsi naquit cette forme de langage que de savants linguistes appellent désormais « le choctalien ».
Pour vous donner une idée, le choctalien s'apparente au japalien [1] mais, à la différence de ce dernier, avec une remarquable économie de mots (lui), compte tenu de la pauvreté de son vocabulaire. Mais, comme le japalien, le choctalien est une sorte de langage à énigmes qui suggère plus qu'il n'explique, du moins pour le profane. Et Dieu sait si l'apprentissage est long !
Ainsi nanti, notre Guillaume partit à l'assaut du vaste monde, juché sur son 103 Peugeot vitaminé à la nitroglycérine pour limiter les rejets de CO2 dans l'atmosphère, selon lui. C'est là, qu'un jour où il mesurait bénévolement, et avec son nez, la quantité de méthane produite par le cul des vaches de Riaillé, petite bourgade de la périphérie nantaise depuis laquelle il veillait sur la destinée de ses congénères, il fit une autre rencontre qui décida de son engagement futur. Sur le bord de la route se trouvait un homme qui pestait contre sa moto japonaise, évidemment en panne, laquelle était ornée d'une décalcomanie représentant un bras d'honneur sous ce sigle magique : FFMC. C'était décidé, Guillaume serait béhèmiste et motard en colère.
Le temps nous manque pour retracer le parcours de Guillaume au sein de la vénérable Fédération. Mais je vous annonce en exclusivité que les Éditions de la FFMC combleront bientôt toutes vos lacunes en produisant, sous la plume de Michel Mahé [2], autre grand philosophe de notre temps, une biographie du grand homme.
Toujours est-il que notre Guillaume arriva un jour au Bureau National. Et il lui consacra une bonne tranche de vie (pas loin de 10 ans, sauf erreur).
Redevenons sérieux un instant.
Nous n'avons guère le culte de la personnalité, dans notre Mouvement, et c'est probablement un bien. Mais il faut tout de même reconnaître que le Bureau National a eu le privilège d'accueillir en son sein quelques figures qui ont marqué la FFMC. Chacun pense évidemment à notre regrettée Nadia, bien entendu. Mais Guillaume en est une autre et pas des moindres.
Guillaume a certainement été l'un des principaux moteurs du BN au cours de ces dernières années. Par sa force de conviction, par sa capacité d'analyse, par sa vision politique, au sens le plus noble du terme. Guillaume est une sorte de générateur à idées, un organisateur. Contrairement à ce que sa réputation, fort justifiée au demeurant, de grande gueule pourrait laisser croire, Guillaume est aussi un homme de respect et d'écoute. Il ne lui en a pas toujours été rendu justice. Certes, il n'est pas toujours d'une tendresse étouffante, c'est un homme de conviction, mais s'il en impose par sa carrure fluette et sa personnalité effacée, il n'écrase pas l'autre (heureusement d'ailleurs). C'est aussi un homme de débat.
Nous redirons ici toute l'estime et l'amitié que nous éprouvons à son égard au-delà des boutades idiotes que nous inspire son départ pour masquer notre déception de le voir nous quitter. Oui, Guillaume, la FFMC te doit beaucoup et nous avons eu beaucoup de chance d'avoir été tes compagnons au cours de cette aventure humaine.
Nous te souhaitons bonne chance dans ta nouvelle vie sans BN. Nous ne doutons pas un instant qu'elle sera bien remplie. Peut-être les petits oiseaux vont-ils en piailler de joie et de bonheur, les veinards.
Nous associons aussi à cet hommage, notre ami Fred Brozdziak, absent pour cause de néoparentalité (elle s'appelle Shems [3] et c'est un bien joli bébé). Fred qui a, lui aussi, beaucoup donné à la FFMC, pendant très longtemps, et qui a su se faire apprécier non seulement pour sa modestie et sa gentillesse mais aussi par sa disponibilité, son dévouement et son sens de l'analyse. Fred sévira désormais dans les colonnes de Moto Magazine. Nous lui souhaitons également le plein succès dans sa carrière journalistique.
Merci donc pour tout, à tous les 2. Nous vous souhaitons une très belle et très longue route.
So long, old fellows !
C'est un joli pied de nez à tous les cons qui m'ont craché dessus sur la dernière année, ceux là mêmes qui ont provoqué mon départ. J'y reviendrai plus tard (La difficulté étant de critiquer les cons et d'éviter l'amalgame avec le combat FFMC pour les esprits les moins au fait de notre fonctionnement et activité).
Mort aux cons donc, et merci aux copains !
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