S'il fallait caractériser son travail par quelques mots on pourrait associer jonglage, jazz et improvisation.
Le spectacle se déroule dans un calme impressionnant. Tout semble facile et fragile, faisant oublier la performance. Jean-François Baëz, partenaire de la Compagnie depuis plus de dix ans, accompagne les jongleurs à l'accordéon, composant avec eux un véritable trio.
En entrant le public découvre la piste, un disque recouvert de paillis qui évoque le sous-bois d’une forêt d’automne sous un ciel constellé d'étoiles. L'accordéoniste s'est installé sur une chaise bleue, la couleur est étonnante, invitant peut-être à penser à des éléments minéraux, de l'air ou de l'eau.
Quand nos yeux se sont habitués à l'obscurité on remarque deux silhouettes perchées, comme des rapaces nocturnes, qui, une fois au sol deviennent des échassiers sur le tapis craquant en se dirigeant vers l'accordéon dont la musique exerce un pouvoir hypnotique.
Les deux artistes sont comme des enfants qui jouent avec les objets enfouis parmi les écorces. Passé l'instant de surprise chacun met l'autre au défi de faire surgir une nouvelle image. La plume est un petit rongeur caracolant des épaules au bras de la danseuse. Une autre s'agite dans les cintres.
Après l'autruche et le paon, voici le pic-vert, cette fois entièrement métallique, qui descend en martelant le mât à moins que ce ne soit une masse pour assumer le public. Cet oiseau très malin ne cherche pas à percer des trous dans les troncs. Son ''tambourinage'' lui sert à faire connaitre sa position géographique aux femelles dans un rayon assez important.
Les artistes enchainent les cueillettes qui influenceront leur mode de jonglage. Jérôme Thomas déterre 2 balles blanches comme des oeufs. Il se déplace sur le sol comme s'il marchait sur un fil tendu au-dessus du vide.
Considéré comme l'un des artistes fondateurs du cirque contemporain, Jérôme Thomas est capable de jongler avec des objets qui ne sont pas destinés à tourner dans les airs comme la canne qui est davantage à sa place dans l'univers du cabaret, ou totalement inattendus, comme un sac de plastique vert qu'il extirpe de sa bouche à la manière d'un magicien.
Avec chacun, à la manière de Magritte, il nous dit "ceci n'est pas une canne ... , un sac ...".
Il jongle les mains en dedans, les coudes en dehors, faisant danser littéralement 3 puis 5 puis 7 balles ... comme on s'y attendait, en jouant des claquettes avec une simplicité qui semble naturelle, ce qui est le signe d'une grande maîtrise.
Quand les artistes regagnent leur perchoir les spectateurs sont dans un état proche du rêve. La douceur et la sensibilité de la promenade dansée du couple, au coeur de l'intime, a généré un état de calme intérieur, assez inhabituel sous un chapiteau.Tel : 01 41 87 20 84
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