Plusieurs millions de couleurs différentes et près d’un demi-million de tonalités différentes, c’est que nous sommes capables de percevoir et de distinguer. Mais combien d’odeurs différentes? Ces chercheurs sont parvenus à préciser la résolution de l’odorat humain en testant notre capacité à discriminer des mélanges d’odeurs avec un nombre variable de composants. Leurs conclusions, publiées dans la revue Science, confirment que notre capacité olfactive, riche de centaines de récepteurs olfactifs différents, mais pourtant fréquemment sous-utilisée et malgré l’évolution, surpasse de loin nos autres sens.
Leslie Vosshall, neurobiologiste à l’Université Rockefeller, auteur principal de l’étude, rappelle le processus de base : Nous inhalons de l’air qui contient des molécules d’odeurs qui se lient aux récepteurs olfactifs de l’intérieur du nez qui transmettent ces données au cerveau. Cette information olfactive très complexe, car combinaison de données liées à différentes odeurs mélangées, peut nous en apprendre beaucoup sur les fonctions cérébrales.
Une estimation néanmoins théorique: Ce sont ces combinaisons que les chercheurs ont élaboré en mélangeant 10, 20 ou 30 molécules, choisies parmi 128 molécules odorantes représentant un large éventail d’odeurs. Puis ils ont demandé aux participants de trouver l’intrus, parmi 3 flacons, 2 contenant la même effluve, le dernier un parfum légèrement différent.
Lorsque la composition varie de plus de 50%, les participants parviennent à identifier correctement l’intrus. En rapprochant ce ratio du nombre de combinaisons possible, l’équipe aboutit à une moyenne d’1 billion odeurs différenciables.
Il n’en reste pas moins que chaque individu a des capacités olfactives propres, plus ou moins développées. Les renifleurs les moins affutés seraient tout de même en mesure d’identifier quelque 80 millions de senteurs uniques. Et pour les plus affutés, existe-t-il vraiment 1 billion d’odeurs ? C’est la question soulevée par les chercheurs eux-mêmes qui suggèrent ainsi que nous serions doté d’un nez sensible à l’excès.
Source: Science 21 March 2014 DOI: 10.1126/science.1249168 Humans Can Discriminate More than 1 Trillion Olfactory Stimuli et Science Now Human Nose Can Detect a Trillion Smells (Visuel@ Zach Veilleux/The Rockefeller University)