L’idée de consacrer une exposition à l’homme politique symbole de Villeneuve sur Lot était bonne et nous nous réjouissions d’aller visiter le charmant musée de Gajac une nouvelle fois. Le titre de la manifestation en était fort alléchant : vie et passions d’un homme d’Etat …
Las, nous sommes repartis sur notre faim.
Quelques caricatures, des meubles éculés mis en scène sans trop d'explications, l’édition brochée des poèmes de l’homme d’Etat, la vidéo muette de ses obsèques nationales, des peintures dont nul ne nous dit si elles lui ont appartenu ou pas, son buste par Rodin …
Seuls objets intéressants : ses carnets secrets où, d’une écriture régulière, sèche et minuscule, il consignait ses réflexions et remarques sur ses rencontres avec les hommes de son temps et la conduite de la guerre de 14. Dommage qu’un fac-simile agrandi ne puisse nous donner une idée de ces textes.
Georges Leygues (1857 – 1933) fut un pilier de la Troisième République. Classé parmi les modérés, mais il a voté la loi de 1905 de séparation de l'Eglise et de l'Etat, député de la circonscription de 1885 à sa mort, il devient ministre en 1883 à l’âge de 38 ans.
Passionné de poésie et d’art, avocat, il va faire partie de bien des combinaisons ministérielles, sa carrière le conduisant à l’Instruction publique et aux Beaux-Arts, à l’Intérieur, aux Colonies, à la Présidence du Conseil et tout particulièrement à la Marine, portefeuille où il déploie toute son énergie pour restaurer le prestige de cette arme entre les deux conflits mondiaux.
En tout, pas moins de quarante-huit années de députation et ses seize ministères !
Mais il est aussi très présent dans sa ville natale. Grâce à un legs considérable – on notera le jeu de mot avec son nom – de la part du richissime créateur des Grands Magasin du Louvre et grand mécène du Musée du même nom, Georges Leygues laisse derrière lui un patrimoine architectural considérable, financé en partie avec ses propres deniers : le pont en béton et briques exécuté selon les plans de l’ingénieur Eugène Freyssinet, l’église romano-byzantine Sainte Catherine, le vaste théâtre qui porte son nom inauguré en 1935 avec une pièce de Sacha Guitry. Il est vrai que – sans que quiconque puisse préciser la nature du lien qui unissait les deux hommes - Georges Leygues, son épouse et leurs deux filles ont bénéficié d’une fortune : 15 millions de Francs-or à la mort, en 1909 d’Alfred Chauchard !
Pour autant, parmi les ténors de l’époque, la renommée n’a pas tellement retenu dans ses plis – hors en sa ville, naturellement - la carrière considérable de ce ténor de la République. Et ce n’est pas cette exposition qui va y aider, c’est bien dommage !
Georges Leygues, vie et passion d’un homme d’Etat, exposition au musée de Gajac, Villeneuve sur Lot, jusqu’au 1er juin, 3€.