Je ne me trompe jamais avec les frères Coen.
Jamais.
En voyant le seule bande annonce de leur dernier film, je savais que j'en tomberais amoureux. Et pour si longtemps que je l'ai acheté. Je l'avais gardé près de ma télé depuis 10 jours comme on ose pas toucher à quelque chose de précieux.
Je le réécouterai à nouveau tellement il m'est précieux.
Joel & Ethan Coen semblent toujours faire les bons choix: narratifs, de plans, de composition de l'image, de direction artistique, de personnages, de rythme, de direction artistique, de dialogue, de sujet, de choix de traitement, de musique, de casting. Ils scorent avec moi avec à 100%.
Oscar Isaac, en sosie de Dave Van Ronk, est une découverte. John Goodman, Garrett Hedlund, Ethan Phillips, Robin Bartlett, Max Casella, Adam Driver, Stark Sands, même Justin Timberlake que je n'aime nulle part ailleurs que lorsqu'il fait l'acteur, sont excellents. Carey Mulligan, que j'avais tant aimé dans An Education, excellente même si désagrable* dans Wall Street: Money Never Sleeps, parfaite dans Shame est encore ici extraordinaire en chanteuse de folk docile sur scène et agressive en privé. Elle fait beaucoup rire dans sa relation tordue avec LLewyn Davis.
Ce dernier est un chanteur de folk de Greenwich Village, sans le sous, sans domicile fixe surtout, qui tente de percer dans le métier sans devenir Justin Timberlake. Il se rend même à Chicago pour y rencontrer F.Murray Abraham (furtif mais fameux) dans la peau d'Albert Grossman, avant Dylan et au seuil de former Peter, Paul & Mary. Il a des emmerdes avec un chat et dort plutôt mal sur les divans un peu partout. Au contraire des autres personnages du film qui semblent pour leur part bien dormir, surtout dans les voitures.
On sent qu'on est assis entre de jeunes Dave Van Ronk, Suze Rotolo et Bob Dylan dans les bars gris de New York, entre l'apogée de Pete Seeger ou Woody Guthrie et la renaissance d'une nouvelle génération. On entend même beaucoup Tom Waits, le jeune Tom Waits, alors qu'il partageait son temps entre sa guitare, son piano, plusieurs bouteilles et des clopes, et son travail au Napoleone Pîzza House.
T-Bone Burnett est à la direction musicale et on ne peut pas se tromper dans ses destinations de plaisir avec T-Bone Burnett à bord.
Le film fait de multiple références à L'Oddysée d'Homère et l'éclairage, dans un hiver bleuté, donne à la photographie de Bruno Duponnel une teinte magique.
Nous sommes en hiver 1961. À New York ou à Chicago.
Et on grelotte avec le frère idiot du roi Midas qu'incarne Oscar Isaac (à revoir dans d'autres films aussi, svp).
Les gens qui comprennent que l'hiver est tout ce qu'il y a de plus beau sur grand écran sont en avance sur leur époque.
Ceci inclus Jean-François Rivard et François Létourneau qui l'ont aussi compris dans leur délicieuse série Série Noire. Je suis hystérique quand j'écoute leur série tellement je suis ravi des choix.
Ce qui explique la qualité de ses deux produits, Inside LLewyn Davis et Série Noire, ce sont justement les choix de leurs auteurs.
Dans le cas des frères Coen, ils ont fait leurs preuves et auront carte blanche pas mal tout le temps en Amérique ou ailleurs.
Dans le cas de Rivard et Létourneau, je soupçonne qu'on ne renouvelle pas une seconde saison.
Question de démographie Québécoise et de soumission aux chiffres publicitaires.
Dommage.
Série Noire est ce qui se rapproche le plus des frères Coen au Québec.
Merci la vie pour Joel, Ethan, François et Jean-François.
Vous faites des gens impliqués dans vos projets de meilleurs artistes dans les premiers comme dans les petits rôles.
Et tout le monde sait qu'il n'existe pas de "petits" rôles dans les grand(e)s films/séries.
Juste de "petits" auditeurs/diffuseurs.
*Oliver Stone ne sait pas écrire les femmes différemment