Le Figaro ne m'a encore jamais accordé, une veille de week-end, ses pages deux et trois pour que j'y qualifie mon pays de dictature. C'est sans doute que je ne suis pas un citoyen normal. Un autre citoyen, qui se dit normal, et qui sillonne depuis des semaines la France pour s'y offrir à l'adoration des foules, a eu lui le privilège d'une tribune dans ce quotidien réputé pour son absence de parti pris.
Ce citoyen a ainsi écrit la période suivante, trop longue pour que je la cite " in extenso : " Qui aurait pu imaginer que, dans la France de 2014 [...] la présomption d'innocence [serait] désacralisée ". Sa mémoire lui a sans doute ici fait défaut. Peut-on lui rappeler que, le 4 juillet 2003, jour de l'arrestation de Colonna, un certain ministre de l'Intérieur, s'était laissé aller à déclarer, face aux caméras : la police française vient d'arrêter Yvan Colonna, l'assassin du préfet Claude Erignac ".
Sur un autre thème, il se plaint d'avoir été suspecté " " d'avoir profité de la faiblesse d'une vieille dame [...] Sur le sujet, que reste-t-il de cette boue complaisamment répandue ? Rien, si ce n'est une décision de non-lieu. Le 7 octobre 2013, les juges Jean-Michel Gentil et Valérie Noël ont rendu une ordonnance de non-lieu partiel (pour Nicolas Sarkozy) et de renvoi de dix autres personnes devant le tribunal correctionnel. Dans ce document de 267 pages, 8 sont consacrées à M. Sarkozy et mettent à plusieurs reprises en doute ses déclarations. Voici une de ces réserves : " formulée à Liliane Bettencourt, personne âgée et vulnérable, alors [...] les affirmations de Nicolas Sarkozy selon lesquelles il n'a, le 24 février 2007, rencontré qu'André Bettencourt, sont totalement démenties par les déclarations concordantes des membres du personnel de Liliane Bettencourt d'astreinte ce samedi ". La palme de cette ordonnance revient sans doute à la mention suivante : Le comportement incriminé de Nicolas Sarkozy, à savoir sa demande d'un soutien financier occulte [...] qu'il est candidat déclaré à l'élection présidentielle, est un comportement manifestement abusif ". Si notre ancien président considère que ceci n'est rien, c'est que nous n'avons pas la même conception de l'honnêteté.
Pour ce qui est des frais de sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy met en doute l'impartialité de La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. Il me semble que, ce qui lui a été reproché, ce n'est pas tant le dépassement que d'avoir tenté de le masquer en omettant d'inclure certains des frais de la campagne. Et puisqu'il se glorifie d'avoir bénéficié de la charité des Français, il ferait bien de se souvenir que les dons en question ont valu à leurs donateurs une déduction fiscale. En conséquence, c'est l'ensemble des contribuables, y compris ceux qui ne sont pas de sa famille politique, qui a supporté l'essentiel des frais de sa campagne.
Je ne crois pas que Nicolas Sarkozy ait contesté avoir utilisé un téléphone portable au nom de M. Bismuth, sans que celui-ci en soit informé. Au nom de liens d'amitié, ce dernier ne porterait pas plainte. Une telle pratique s'appelle pourtant une usurpation d'identité, abondamment utilisée par de petits malfrats.
Tout cela, et j'en passe, fait bien sûr partie des principes sacrés de la République.