Yves Montenay
Le salafisme en Europe
Résumé de l’article de Samir Amghar du 14 Janvier 2014
http://www.o-re-la.org/index.php?option=com_k2&view=item&id=784:le-salafisme-en-europe-acteurs-enjeux-et-discours&Itemid=85&lang=fr
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les Occidentaux s’alarment de l’influence du salafisme sur « leurs » musulmans : librairies islamiques, présentateurs des chaînes satellitaires comme Iqraa, tenues importées de la péninsule arabique (jilbâb, niqâb, qamîs). Prônant une approche littéraliste du Coran et de la tradition, le salafisme veut purger la pratique religieuse de ses particularités locales et de ses évolutions depuis 14 siècles.
Le salafisme est composé d’individus isolés ou de petits groupes non coordonnés. On peut les classer en 3 tendances.
La première est de type quiétiste. Proche de l’Arabie, elle s'oppose à la violence armée et à la politisation de l'islam qui menace l’unité de l’Umma, et met l'accent sur la formation et la prédication.
La deuxième est politique : création de partis, de syndicats et d’associations pour faire pression sur les pouvoirs. En Belgique, cette tendance demande la nationalité belge, le droit de vote, des émissions musulmanes à la radio-télévision d’État, des congés les jours fériés musulmans, des repas hallal etc, donc une autonomie juridique relevant de la charia.
La troisième tendance se veut révolutionnaire, prône l’action directe, l’usage de la violence et refuse l’insertion dans les sociétés musulmanes ou occidentales. Les militants s’engagent à aider militairement et financièrement leurs frères d’armes par un « jihâd de libération » dans toutes les zones de conflits : Bosnie, Tchétchénie, Cachemire, Afghanistan, Irak et Syrie.
En Occident, où il est impossible de mener des actions armées, cette tendance appelle à l’agitation et à la propagande en prônant des actions spectaculaires (manifestations, opérations coup de poing, déclarations virulentes…) pour être relayés par les médias. Ils réagissent à l’action « trop modérée » des proches des Frères musulmans (Fédération des Organisations islamiques en Europe, Union des Organisations islamiques de France, Tariq Ramadan...) qui prônent désormais une intégration et une participation.
Les salafistes cherchent à s’imposer dans le paysage occidental par des actions visibles, éventuellement violentes, mais non armées. Ils veulent une contre-société. Ils fascinent ceux qui ont des difficultés sociales. Enfin, ils répondent à une demande de normes très strictes, capables d'offrir du sens et une sécurité apaisante. Ainsi le salafisme est devenu en quelques années un acteur incontournable au détriment des mouvements de ré-islamisation plus anciens (Tabligh, Frères Musulmans…), qui, du coup, sont devenus anti-salafistes.
Remarque personnelle : les deux premières tendances ne sont pas juridiquement répréhensibles en Occident mais sont surveillées par les pouvoirs publics et les autres musulmans. Leur atomisation complique les contrôles.
Maroc : la discussion sur les langues s'amplifie
Précisons tout de suite que c'est sans drame : rien à voir avec la crispation officielle en Algérie, ou avec celle entre ukrainophones et russophones actuellement.
Rappelons qu'un Marocain connaît en général plusieurs langues : l'arabe standard (dit parfois, à tort, classique) enseigné à l'école, d'importants rudiments d'arabe coranique, quelque peu d'anglais, le français, mais aussi, pour un tiers d’entre eux, l'amazigh – ou plutôt un des dialectes berbères reconnus comme langue officielle par la nouvelle Constitution – et enfin la darija (ou "le marocain"). Non codifié, longtemps cantonné à un usage oral et quotidien, ce dialecte progresse dans le domaine de la presse et de la création artistique et littéraire. Voir l'article que j'ai rédigé avec la linguiste marocaine Selma El Madani : http://ressources-cla.univ-fcomte.fr/gerflint/MondeMed3/selma.pdf
Voici deux exemples de cette diversité :
L'écrivain Mohamed Nedali écrit en français, bien que ce soit sa quatrième langue, et Youssouf Amine Elalamy a publié en darija. « Jusqu'à l'âge de 6 ans, je n'ai parlé que cette langue, raconte l'écrivain. J'ai voulu montrer qu'elle pouvait avoir une dimension poétique. » Il a ainsi touché un public plus large et plus jeune : « Pour la première fois, j'ai vu des jeunes Marocains courir vers des livres. La pile est descendue d'un coup, comme dans un dessin animé ! »
Le Maroc et ses campagnes
Le Maroc se développe cahin-caha sous Mohamed VI, mais comme il part de très bas, il a encore énormément de chemin à faire, en particulier à la campagne. Là, les 3/4 des femmes commencent à travailler à moins de 15 ans, la grande majorité d'entre elles étant analphabètes.
Jusqu’il y a une vingtaine d'années, le Maroc était à majorité rurale. Et même s'il s'urbanise rapidement, il reste encore environ 40 % de la population à la campagne.
Je lis par ailleurs que seuls 35 % des enfants marocains entrant en 4e année primaire savent vraiment lire.
Sourdine à la prière
En 2008, le PJD (islamiste), alors dans l'opposition, s'était opposé à la baisse du son de l'appel à la prière. Maintenant au pouvoir, il accepte de le faire devant l'accumulation des plaintes, surtout pour la prière du matin. Dans d'autres pays, beaucoup de chrétiens voisins de mosquées, et beaucoup de musulmans aussi, voudraient bien bénéficier de cette règle.
Maroc-Arabie, un accord masculin
Le permis de conduire des Marocains sera valable en Arabie (et réciproquement). Mais pas celui des Marocaines bien sûr.
Prénoms interdits en Arabie
Le ministère saoudien de l'Intérieur a publié, jeudi 13 mars, une liste de 51 prénoms jugés "non conformes à la culture ou la religion" du pays, par exemple d’origine occidentale (Alice, Linda ...) ou à connotation royale (Amir - prince en arabe - et Malika - reine - ...).
Karachi dépasse les 20 millions d’habitants
Et continue à croître pour peut-être devenir la première agglomération du monde d’ici 2030. Mais dans la violence. Depuis les années 1980, Karachi est confrontée à des rivalités partisanes et ethniques (ça se recoupe souvent) qui virent à des violences criminelles pour contrôler ses ressources. La ville a éclaté en quartiers ethniques fragmentés socialement. Mais elle reste la métropole pakistanaise et « une forme d’ordre » s’y serait instauré qui rend cette violence « gérable » et l’économie continue à tourner.