j'ai lu mercredi soir
la lettre de carter
éditeur du vanity fair
me parlant
du phénomène d'amour-haine
entourant gwyneth paltrow
j'en ai rien à cirer
de gwyneth
nous ne nous connaissons pas
ce qui m'a interpellée
c'est le supposé contraste
entre la vie positive
qu'elle semble projeter
à grand coups de
lifestyle guru
curating the positive in life
et la haine qu'elle peut susciter
autour d'elle
la possibilité de défaire
l'image d'une vie parfaite
érigée en modèle d'affaires
j'ai appelé ça
la paltrowisation
ou le phénomène
si tu grattes trop le vernis
j't'haïs
je publie à peu près
tout ce que j'aime
les réflexions que je me fais
si je fais un collage
des photos que je publie
et de mes statuts virtuels
je vais avoir une très belle
robe de vie
mon entourage me dit
que ma vie est belle
et inspirante
en fait c'est du voodoo
je crée ma vie
lorsque j'écris
je me convaincs
je me parle sans arrêt
je me fais croire
autant qu'à vous
que la vie est belle
que je prends les bonnes décisions
que je réfléchis bien
que je suis heureuse
je crée le vernis
qui protège le mou
le fragile
le faillible
je me réveille des fois
en sursaut
car ma nuit a fait sortir
mes plus grandes hantises
mes fragilités non publiées
la peur de perdre l'amour
la peur de perdre le confort
la peur de perdre mes dents
je vous placarde les murs
de bouffées de bonheur
c'est en général
comme ça que je me sens
besoin de le matérialiser
en des mots des images
comme une preuve
que le bonheur existe
grattez pas trop
je risque d'être triste
ou méchante des fois
comme tout le monde
et gwyneth paltrow.