La glorieuse certitude de la politique

Publié le 11 juin 2007 par Nico2312
Certes il reste un second tour dans six jours, mais la messe semble bel et bien dite. Les sondages, une nouvelle fois, ne s'étaient pas trompés. La vague bleue annoncée a pris la forme d'un tsunami et l'UMP devait disposer d'environ 400 députés dans la nouvelle Assemblée. S'il est rassurant de constater que les Français n'ont pas changé du tout au tout leur vote entre le 6 mai et le 10 juin, il est revanche inquiétant que près de 40% des électeurs ne se soient pas rendus aux urnes pour ce premier tour des législatives. Il est loin le sursaut démocratique dont les politiques se gargarisaient il y a encore un mois. En grands visionnaires Lionel Jospin et Jacques Chirac avaient eu le nez creux avec l'inversion du calendrier en 2002 : ils sont parvenus à retirer tout intérêt aux législatives qui ne sont désormais plus qu'une formalité destinée à donner une majorité importante voire pléthorique à un président de la République nouvellement élu et donc en plein état de grâce…
Bien sûr, il est toujours possible comme François Hollande d'y croire encore, ou de faire semblant d'y croire encore en lançant "un appel à la mobilisation de la gauche pour assurer un équilibre". Il est d'ailleurs à noter que pour la première fois depuis des mois pour ne pas dire plus tous les éléphants du PS, de Laurent Fabius à Dominique Strauss-Kahn en passant par Ségolène Royal, tiennent le même discours que leur premier secrétaire en parlant de "sursaut", de "mobilisation" et de "équilibrage"… Comme quoi dès qu'il ne s'agit plus de proposer des idées, ils sont capables de défendre la même ligne.
Cependant on ne saurait trop rappeler aux socialistes que compter sur les abstentionnistes pour sauver le second tour est un reflex de perdants…
Bien sûr il est toujours possible comme François Bayrou de remettre en cause le mode de scrutin qui amplifie la victoire de l'UMP en disant que "il n'est pas sain d'avoir des institutions qui ainsi portent les uns à un nombre de sièges probablement jamais atteint jusqu'à maintenant et n'offre aux autres qu'une représentation minorée, trop faible naturellement pour que l'équilibre soit réalisé à l'Assemblée nationale". Mais le scrutin majoritaire n'est sûrement pas seul en cause dans le fait que seule une dizaine de candidats de sa formation pourront se maintenir au second tour, la raison est sans doute plus à chercher du côté des électeurs et même en changeant le mode de scrutin, on ne change pas les électeurs.
Cependant on ne saurait trop rappeler à celui qui sera sans doute le seul député MoDem de la prochaine Assemblée qu'accuser le mode scrutin est un discours de perdant…
Tour n'est pourtant si mauvais dans le résultat de ce premier tour, la vraie bonne nouvelle est le score du FN. Avec 5% des voix, le parti d'extrême droite en plus de vivre sa seconde déroute électorale en un mois, est au bord de la ruine avec la baisse des subventions publiques (c'est tout de même triste que l'État verse de l'argent à un parti qui ne cesse de vomir sur ses principes…) que ce faible score va entraîner. En plus de tanguer politiquement au Paquebot, va aussi licencier…