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Chaque moment de notre existence est un évènement hors du commun : dans l’immobilité comme dans la répétition mécanique d’une activité, pas un instant n’est comparable à un autre puisqu’une infinité d’évènements qui ne dépendent pas de nous, apparaissant simultanément dans l’univers, contribuent à modifier le présent. S’il est possible d’envisager que chaque instant est la conséquence des précédents et la cause des suivants, comme le soutient la philosophie déterministe, il existe aussi des phénomènes qui se produisent sans raison apparente mais selon un autre principe : la synchronicité. Imaginée par le psychanalyste Jung, la synchronicité consiste en la convergence simultanée de plusieurs évènements, physiques et psychiques, qui n’ont aucune relation intelligible entre eux mais qui coïncident de façon signifiante. Loin d’être le fruit du hasard, cet ordre de phénomènes serait régi par un « ordre acausal sous-jacent créateur de liens entre les êtres, les choses et les évènements, par le sens et la ressemblance ». Dans le domaine scientifique, qualifier systématiquement un phénomène de synchronicité de « hasard » est donc tombé caduque dès leXXème siècle: la physique quantique a montré que le comportement de la matière n’est pas régi par une loi univoque comme le croyait Newton; la théorie du chaos, quant à elle, cherche à prouver que le futur peut être compris à condition d’envisager le hasard différemment. Michel Granger et Jean Moisset reviennent sur cette idée de la synchronicité qui corrobore l’hypothèse d’un inconscient collectif dans lequel se trouverait une structure primitive, une « couche archétypale » qui connecterait l’humanité. Dès lors, l’existence ne serait plus seulement gouvernée par le principe de cause à effet, mais par un faisceau d'autres lois qui se dérobent à toute explication scientifique. Pour l’instant.
David Jarousseau