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Les Rois du Paradis - Mark Behr

Par Ivredelivres

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  Free State : l'Etat libre d'Orange

La mort de Mandela a fait fleurir les reportages sur l’Afrique du sud, on a été gavé de « nation arc-en-ciel » mais la réalité a encore des tonalités assez sombres malgré la fin de l’apartheid et l’apparence d’un pays réuni. Ce roman est une belle façon de le toucher du doigt.

Je vous le dis tout de suite, le paradis n’a rien avoir avec un quelconque éden, non c’est tout simplement le nom de la ferme de la famille Steyn, des blancs Afrikaners.

Pour Michiel Steyn c’est un retour au pays après quinze ans d’absence. 

Quinze ans à tenter de digérer sa fuite de l’armée où l’attendait une punition à la hauteur de son délit : avoir eu des relations non seulement avec un homme, non seulement avec un officier mais avec un homme de couleur. C’était sept ans avant la fin de l’apartheid.

Il a fuit vers l’Angleterre et l’Australie puis aux USA à San Francisco où il enseigne et vit avec Kamil. S’il revient aujourd’hui c’est pour enterrer sa mère Beth, que tout le monde appelle Oonoi, il appréhende de revoir son père, son frère Benjamin et Karien son amour d’enfance et même un peu plus que cela.

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 C'était hier

Les souvenirs affleurent : un père honni et violent, une mère adulée mais curieusement sur la réserve, la mort de Piet son frère ainé  le mal fait à l’amie d’enfance et pour finir la fuite honteuse. Pour Alida la nounou noire rien n’a changé, elle servait les maîtres blancs, aujourd’hui elle s’occupe toujours d’Oubas qui n’est plus qu’un vieillard dans un fauteuil, mais vieillard qui peut encore craché son venin.

Sa fille elle, Lerato, qui enfant arpentait « les rangées d’arbres fruitiers en cognant sur des casseroles pour effrayer les oiseaux et les babouins » est aujourd’hui responsable de société et mariée à un homme d'affaires nigérian, une exception sans doute....

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Et pourtant le veld est si beau, la propriété est magnifique avec ses troupeaux, son verger, les collines de Free State « ces paysages dont la beauté pouvait lui arracher des larmes » 

Ce livre qui pourrait être le roman banal du retour au pays est vraiment un très très bon roman qui fait toucher du doigt la fragilité de cette nation et la marque indélébile que l’apartheid a laissée aussi bien sur les noirs que sur les blancs Afrikaners.

L’écriture de Mark Behr est sobre mais intense et la puissance de son propos est forte. Il parvient brillamment à mêler l’histoire du pays et la sienne propre sans jamais laisser retomber l’émotion qu’il nous fait ressentir grâce à un récit d’une grande sensibilité. 

Si vous avez lu et aimé Cette vie de Karel Schoenman ou Poussière rouge de Gillian Slovo, alors vous aimerez ces Rois du Paradis

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Le Livre : Les Rois du Paradis - Mark Behr - Traduit par Dominique Defert- Editions JC Lattès - version numérique  Titre original : Kings of the Water


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