Publié le 21 mars 2014 par Universcomics
@Josemaniette
Quand on parle de l'univers de Gotham City, l'adjectif "prodigal" convient parfaitement à Robin, le fils prodigue. Mais quel Robin, pour quel Batman? Cette saga prend son envol juste après la conclusion de Knightfall (c'est une sorte d'appendice), qu'Urban Comics a proposé récemment dans son intégralité, en plusieurs volumes. Bruce Wayne finit par récupérer son costume de chauve-souris, et triompher de son remplaçant, Jean Paul Valley, mais il n'est pas pour autant prêt de suite à reprendre du service. Il décide donc de laisser le premier Robin, à savoir Dick Grayson, devenu entre temps adulte sous le nom de code de Nightwing, assurer la suite de l'intérim. Dick accepte, et il a à ses cotés Tim Drake, un Robin avec qui l'entente semble naturelle et spontanée. S'il avait quelques doutes quand à ses capacités d'assumer la fonction, le nouveau Batman se rassure assez rapidement , en affrontant des criminels du calibre du Ratcatcher (et ses hordes de rongeurs), Killer Croc, le Ventriloque, et surtout Double-Face. Harvey Dent est un os dur à ronger, et il a été libéré par erreur du pénitencier, à cause d'un bug informatique. A peine dehors, l'ancien procureur lance une croisade visant à infecter le réseau informatique de Gotham, pour créer un incroyable chaos dans le système carcéral et judiciaire de la ville. Pour Dick Grayson, qui a de biens mauvais souvenirs de sa dernière confrontation avec Double-Face, il s'agit d'une mission stressante et périlleuse, qui en dira plus long sur ses capacités à endosser la cape du Batman, sans avoir à en rougir. Le fils prodigue est une saga en douze parties qui tente d'aborder le thème de la filiation (Tim Drake doit aussi composer avec les attentions de son père, qui veut récupérer le temps perdu, au détriment des activités super-héroïques secrètes du fiston) et de la succession, mais qui laisse en fait peu de place à un approfondissement psychologique pertinent et détaillé, et joue la carte de l'action pure et simple. Les séries Batman, Detective Comics, Shadow of the Bat, et Robin, sont concernées par ce crossover. Chuck Dixon est le scénariste en chef pour ce qui est de la trame globale, tandis qu'aux dessins, plusieurs artistes aux styles fort différents se relaient selon le titre choisi. Mes préférés sont Lee Weeks, dont le Batman a une classe rétro folle, et Phil Jimenez, qui offre à Robin des planches minutieuses et ultra bien léchées. Urban Comics joue comme d'habitude la carte du gros volume relié (424 pages) avec couverture rigide d'une indéniable beauté froide, qui fera belle figure sur vos étagères. Un petit pavé qui mérite presque, sur le fond et les qualités artistiques de l'ensemble, de prendre le dessus sur ce qui a précédé (Knighfall) et qui s'avère même indispensable si vous en pincez pour le personnage de Dick Grayson, un de ceux qui auront vraiment profité de l'irruption d'Urban sur le marché, pour toucher le public français.