J'ai hâte de retrouver mes "grands chemins", d'y marcher, d'y courir, d'y rêver et vivre à ma façon. De me sentir en harmonie avec le chemin, son tracé, de courir en phase avec l'environnement. Il m'arrive, dans mes grandes randonnées, de ressentir ces instants magiques. C'est sans doute pour cela que je retourne vers Saint-Jacques.
Ce retour, qui emprunte un itinéraire totalement nouveau pour moi (j'aime toujours découvrir encore!), m'est sans doute inspiré aussi par le plaisir que j'avais pris il y a deux ans. J'ai envie de retrouver "l'ambiance" du chemin. Il sera certes un peu plus court, mais je pense que j'aurai le temps de bien apprécier le défi physique, de remettre mon corps en marche et dans sa routine des kilomètres quotidiens, sac au dos.
Je pressens, sans avoir trop regardé le parcours toutefois, que de vastes étendues m'attendent dans cette Espagne de l'intérieur que je ne connais guère finalement, mis à part mes points de départ et d'arrivée, ainsi que Salamanque, lointain souvenir d'enfance. Elles seront sans doute difficiles à gérer parfois, mais promptes à laisser mon esprit vagabonder, mes jambes s'affermir. Les pensées négatives, les regrets, ne manqueront sans doute pas de venir y alourdir mes pas et mes foulées. Mais je pense résister et rester serein, les chemins vers Compostelle tourmentent le pèlerin mais lui donne aussi de la force.
Un pèlerin. C'est sans doute ainsi que je me sens, libre de toutes religiosité mais en recherche spirituelle, au moment de retourner vers Saint-Jacques. Un pèlerin deux ans plus vieux que celui qui était parti d'Aix-les-Bains. Pas forcément plus sage, pas forcément moins torturé, même si je suis dans une phase plus tranquille que deux ans auparavant.
Je partirai comme il y a deux ans, dans une période électorale. Là non plus, je ne voterai pas. Je viens de vendre mon appartement d'Aix-les-Bains, pour poursuivre mon chemin, sans doute vers un peu plus de nomadisme. Pour tourner une page aussi, bien que le pèlerin que je suis aujourd'hui reste bien le même que le coureur d'il y a deux ans. En recherche de moi-même, avec une soif de découverte jamais épanchée, et avec la liberté pour idéale. Courir, c'est ma révolte à moi et j'aime l'exprimer le plus pacifiquement possible, sur de doux et beaux chemins semés de l'histoire des hommes.
Mon retour vers Saint-Jacques coule de source.
Je vous dis à bientôt sur la Via de la Plata!