Le lancement du petit nouveau de la Française des Jeux, le célèbre Monopoly, arrive à pic. Un mois seulement après la polémique sur les jeux truqués, la Française des Jeux tente de redorer son blason. Depuis la mise en place du premier jeu de grattage en 1989, la FDJ intrigue. Qui n’a jamais entendu dire qu’il était improbable (ou presque) de gagner ? Et je ne vais pas le nier. Ma plus grosse cagnotte vaut 7€, et je n’en suis pas peu fière !
Néanmoins, cela s’explique. En février dernier, l’ancien patron de la FDJ de 1989 à 1993, Gérard Colé, accuse l’entreprise d’avoir leurré ses clients de par une égalité des chances qui n’a jamais existé. En effet, il dénonce que la répartition des tickets n’est pas le fruit du hasard. Dans trois livrets sur quatre, il n’existerait qu’un « gros lot » supérieur à 20€, les autres étant dérisoires ou nuls. En revenant à notre cours de probabilité, cela signifie que la distribution ne serait pas aléatoire : une fois le gros lot vendu, les tickets continuent d’être vendus constituant une rupture d’égalité entre les joueurs. Le but était de faire rejouer et de doper le chiffre d’affaires des courtiers, des détaillants et de la FDJ.
Il s’appuie pour cela sur une procédure datant de 2006 dans laquelle un ingénieur reprochait l’identique à la FDJ – procès néanmoins gagné par l’entreprise. En revanche, la FDJ a été contrainte de modifier ses règles au dos des jeux de grattage. Les tickets portent désormais la précision suivante: « au moment de votre achat, certains lots ou certaines catégories de lots ont peut-être déjà été remportés ».
La technique dont l’ex-PDG assure n’avoir jamais été au courant durant ses fonctions aurait donné lieu à des dérives auprès des buralistes. Ces derniers ayant compris la ficelle s’encaissaient les lots les plus importants. D’autant plus que ce business est titanesque. Rien que l’année dernière, la vingtaine de jeux de grattage « Illiko » a totalisé 5,56 milliards d’euros de ventes, soit 45% des ventes totales de la FDJ, pour une estimation de 29 millions de joueurs.
Les consommateurs se sentant lésés peuvent rejoindre l’association de défense des joueurs et demander le remboursement de leur mise. Mais selon des avocats, ce que réclame l’ex-PDG est improuvable. En somme, la FDJ a encore de beaux jours devant elle. Alors, à nos jetons et grattons dans l’espoir de faire partie du cercle fermé des millionnaires.