Il y eu d’abord Roger Federer, puis Rafael Nadal, puis Novak Djokovic et enfin Andy Murray. Malgré le fait que le dernier cité n’est jamais été numéro 1 mondial, il est indéniable que ces 4 joueurs sont au-dessus de la mêlée que compose les autres tennismen. Les victoires en Grand Chelem parlent d’eux-même avec les exceptions Juan-Martin Del Potro à l’US Open 2009 et Stanislas Wawrinka à l’Open d’Australie 2014. Malgré les nombreuses victoires qu’ils accumulent chaque année, 3 de ces 4 tennismen partagent également quelque chose. Ainsi, hormis Rafael Nadal, les 3 autres sont aujourd’hui coachés par des anciennes légendes de la balle jaune. Stefan Edberg pour Federer, Boris Becker pour Novak Djokovic et Ivan Lendl (jusqu’à aujourd’hui) pour Andy Murray, ils ont tous décidé de s’appuyer sur l’expérience de ces anciens champions. Et parmi ces légendes qui ont raccroché les raquettes, les plus mythiques sont peut-être le caractériel John McEnroe et le suédois au bandeau Bjorn Borg. Mais pourtant, il y en a un qui est souvent inconnu des nouvelles générations, il s’agit de l’américain Jimmy Connors. Chez E-TV Sport, personne n’a oublié le revers à deux mains si particulier du soit-disant arrogant « Jimbo » et a décidé de revenir sur la carrière de ce monstre du sport!
Merci maman!
Une relation mère/fils est incomparable souvent tant l’affection entre les deux est forte. Au père, le côté modèle et autorité. Mais dans le cas du jeune Jimmy, c’est bien sa mère Gloria qui l’a façonné et qui en fera l’un des plus grands joueurs de tennis de tous les temps. Ainsi, Connors a été formé par des femmes: sa mère, Gloria et sa grand-mère, « Two-Mom ». Avant que des hommes n’entrent en jeu : son grand-père, « Pop », ancien boxeur, à qui il doit les secrets de son jeu de jambes et le champion équatorien Pancho Segura, son mentor tout au long des premières années de sa carrière. Mais celle qui a surement fait de Jimmy un champion, c’est bien Gloria Connors. Cette ancienne bonne joueuse des années 40 voulaient faire de ses fils des tennismen hors-pairs. Si l’aîné, Johnny, ne sera pas à la hauteur, Jimmy répondra à ses attentes. C’est à deux ans que Jimmy se voit mettre une raquette entre les mains par sa maman. Elle lui enseigne les rudiments du jeu sur le terrain qu’elle avait fait construire dans l’arrière-court de la maison familiale. Jimmy était tellement frêle qu’il était incapable de frapper la balle en revers. Sa mère lui souffla alors de s’y prendre à deux mains. Et c’est ainsi que naquit l’un des premiers revers à deux mains du circuit. Mais l’innovation ne faisait pas peur à cette ancienne joueuse professionnelle, qui en guidant le talentueux gaucher tout au long de sa carrière, sera l’une des seules femmes à entraîner un joueur chez les pros.
Une style de jeu mythique
Si l’on devait comparé le style tennistique de Jimmy Connors avec une ère un peu plus moderner: Il serait tout simplement un mix entre André Agassi et Rafael Nadal. La combativité ainsi que le jeu de gaucher de l’espagnol et le revers à deux mains dévastateur ainsi que le retour de service chirurgical de l’ancien homme au pastiche. Ce revers à deux mains était dans les années 1970 encore peu répandu et assez « mal vu » alors qu’aujourd’hui les trois quarts des joueurs professionnels le pratiquent. C’est Connors qui, avec Björn Borg, contribua à le populariser et à lui donner ses lettres de noblesse. En revanche son coup droit sera considéré comme sa principale faiblesse. Son service était également pas terrible mais faut-il rappeler qu’à cette époque, le service ne faisait pas beaucoup de point et était considéré comme une simple mise en jeu.
Un échec nommé Roland Garros et son histoire d’amour avec l’US Open
L’Américain a vécu une histoire très compliquée avec Roland-Garros. Il a atteint le 3e tour à sa première participation (à 19 ans en 1972) avant de se faire sortir dès le premier tour l’année suivante. En 1974, « Jimbo » va manquer le French alors qu’il vient de remporter l’Open d’Australie, son premier Majeur. Il est privé de Roland par la faute de Philippe Chatrier, alors président de la FFR, qui n’apprécie pas que Connors dispute juste avant le championnat intervilles aux Etats-Unis (des exhibitions lucratives). Le gaucher, intouchable cette année-là (89 victoires pour quatre défaites dont des succès sur la terre battue d’Indianapolis contre Borg et Orantes, les deux finalistes de RG) rate ainsi l’occasion de réaliser le Grand Chelem puisqu’il s’adjugera ensuite Wimbledon et l’US Open. Vexé, Connors boudera les Internationaux de France quatre ans de plus, dans ses meilleures années. Il reviendra en 1979 pour enchainer quelques beaux parcours: demi-finales en 1979 (contre Victor Pecci), 1980 (Vitas Gerulaitis), 1984 (John McEnroe) et 1985 (Ivan Lendl), quarts en 1981 (José Luis Clerc), 1982 (José Higueras), 1983 (Christophe Roger-Vasselin), 1987 (Boris Becker), sans parvenir à conclure.
Au début de sa carrière, Connors n’a pas les faveurs du public sur les courts de Forest Hills, malgré sa générosité dans l’effort et ses victoires. Il ne comprend pas, vit cela comme une injustice et explique combien « retourner » le public new yorkais a été l’un des grands combats de sa vie. Combat ô combien réussi dès l’arrivée du tournoi à Flushing Meadows, en 1978, où il s’impose en battant McEnroe et Björn Borg, coup sur coup, avant de devenir, au fil du temps, le héros de night sessions enflammées pendant plus d’une décennie. Et l’on comprend que son bonheur total de retrouver l’ambiance explosive de New York chaque année est la raison majeure de sa longévité.
Ainsi, c’est lors lors de la quatrième levée de la saison, l’US Open, qu’’il s’’est le plus souvent illustré. 22 ans séparent sa première participation à l’’US Open en 1970 à son élimination au deuxième tour en 1992. Un record de longévité qui ne rime pas avec simple figuration puisque l’’Américain possède le record de 12 demi-finales consécutives à l’’US Open (si l’’on prend en compte ses matchs avant le déménagement du tournoi depuis Forest Hills). « Jimbo » remportera 2 titres à Forest Hills sur terre-battue américaine (1974 et 1976) et 3 succès à Flushing Meadows sur decoturf (1978, 1982, 1983). A noter qu’il remportera son dernier US Open pratiquement 10 ans après son premier.
Un homme controversé
Connors est un paradoxe : il a été élevé dans un univers où les principes et certaines valeurs avaient un sens. Un corset qu’il faisait sauter dès qu’il passait la grille de la maison familiale pour devenir un malotru, le gars à qui tout est dû, assoiffé d’argent (ahurissant sa course permanente aux exhibitions, voracité pour les duels montés à coups de dollars à Las Vegas), dragueur invétéré, et aujourd’hui, conteur sans pudeur et sans délicatesse, qui nous détaille comment il a trompé son épouse Patty ou révèle l’avortement subit par Chris Evert, un épisode qui accélérera la fin de leur relation en 1974. Un champion est par nature égocentrique, mais dans ce domaine, le gamin de Saint-Louis dépasse les canons habituels. A l’image de sa détestation de la Coupe Davis, de son manque de modestie, de ses difficultés à reconnaître le talent des autres (sauf ceux qui ne lui ont pas fait d’ombre comme ses potes Ilie Nastase, Vitas Gerulaitis, Eddie Dibbs ou Brian Gottfried) ou de la rapidité avec laquelle il évacue ses plus grandes défaites (trois lignes pour la raclée en finale de Wimbledon 1984 signée John McEnroe).
Jimmy Connors a aujourd’’hui tout de l’’idole américaine populaire. Pourtant, au début des années 70, son tempérament bien trempé, sa soif de victoire et son côté showman font de lui un personnage haï auprès du public. Il faudra du temps et de nombreuses victoires pour que son arrogance soit vue comme un atout. Recordman de titres sous l’ère Open avec 109 titres dont 8 Grand Chelem, « Jimbo » était le bad boy des courts avant que John McEnroe ne lui subtilise ce trophée!