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Sous la pression des Etats-Unis qui, afin d’asseoir leur hégémonie dans toutes les régions du monde, n’hésitent pas à manipuler les institutions à leur botte (ONU et OTAN), l’un des plus vieux conflits du continent européen vient de resurgir.
Sous influence romaine, puis turque, puis vénitienne et génoise, intégrée à la Russie en 1783, la péninsule de Crimée est devenue république autonome en 1921. Elle l’est restée jusqu’à ce que Krouchtchev l’offre à une Ukraine incertaine en 1954.
L’Ukraine, littéralement « terre des confins », cœur écartelé d’Europe formé de marches de Pologne, de Lituanie, des empires ottoman, russe et d’Autriche-Hongrie n’a jamais connu de vie nationale propre, sauf peut-être voilà mille ans, à l’époque du petit royaume de Kiev dont les Mongols n’ont fait qu’une bouchée.
Une telle histoire, de telles convulsions politiques, devrait inviter les potentats et diplomates de tous les pays à la plus grande prudence car, si certains Etats avides de conquêtes faciles, croient pouvoir s’affranchir de la mémoire, les peuples, eux, se souviennent. Leur passé est ancré dans les gènes, dans les traditions familiales, dans les rituels sociaux.
Peuplée aux deux tiers de Russes, toujours attachée à sa culture péninsulaire particulière, décrétée ukrainienne par accident post-soviétique, résolument tournée vers la Méditerranée par la Mer Noire dont elle est l’un des bastions, verrou stratégique de la Mer d’Azov, la Crimée est une poudrière qu’il convient d’approcher sans boute-feu. Prendre son pouls, entendre ses populations et respecter leurs choix, est une nécessité absolue.
Qui, en ce moment, entend la voix forte du général de Gaulle rappelant au monde dit « libre » que les peuples quels qu’ils soient, et d’où qu’ils soient, ont le droit fondamental de disposer d’eux-mêmes et de choisir leurs partenaires d’avenir ? Qui ?
Certainement pas le président états-unien, accompagné comme son ombre par son fidèle caniche le premier ministre britannique ! Certainement pas l’Union européenne dissoute jour après jour par les acides vomis en permanence par les deux précédents, au parlement si mou qu’il n’offre aucune résistance à la pression, à la commission présidée par un vassal couché ! Certainement pas… la France même, offerte à l’OTAN sur un plateau d’argent par un président Sarkozy envieux du rayonnement de son collègue de Washington, à seule fin de se grandir en prétendant livrer un dérisoire combat d’arrière-garde contre le cadavre soviétique !
Force est de constater que, aujourd’hui, ceux qui pointent du doigt un président de Russie présenté comme un tyran conquérant seulement désireux de rétablir l’empire tsariste, oublient que le peuple de Crimée s’est prononcé souverainement par référendum, pratique très gaullienne, pour son retour dans le giron de Moscou.
Force est de constater que les schizophrènes qui prétendent donner des leçons de démocratie et d’humanité au monde entier tout en maintenant des centaines d’hommes en détention sans jugement (Guantanamo), déclarant des guerres sans consensus international (Irak), s’installant dans un pays au prétexte de lutte contre le terrorisme (Afghanistan), bombardant des villes et massacrant des civils (Kosovo), couvrant de permanentes violations de frontières pourtant établies par l’ONU (Moyen-Orient)… sont ceux-là mêmes qui se servent de l’Europe comme d’un moyen d’assouvir leur désir de soumission des populations du monde à leur vision économique ultra-libérale.
L’affaire de Crimée est au centre d’une stratégie occidentale riche en propagandes toutes plus redoutables les unes que les autres relayées par une grande presse nourrie de tels concepts anglo-saxons qu’elle parle et écrit déjà dans une langue hybride.
N’oublions pas : la Crimée est une poudrière !
De quel droit le président Obama se permet-il de donner des ordres à la Russie, de décider seul de son exclusion du sinistre G8, de tracer depuis son bureau ovale les frontières européennes (vieille habitude depuis Yalta !), de balayer d’un revers de main le choix massif d’un peuple ?
De quel droit, lui emboîtant le pas, l’Union européenne entame-t-elle déjà des négociations de partenariat avec un gouvernement de Kiev qu’aucune élection n’a encore légitimé, si ce n’est celui de se montrer, une fois de plus, soumise et ridicule ?
En vertu de quelle morale nationale ou internationale le ministre des Affaires étrangères français menace-t-il de rompre unilatéralement le contrat de construction navale qui nous lie à la Russie, si ce n’est la prétendue morale de Washington ?
Il est temps que notre Europe recouvre sa mémoire, et gagne enfin son indépendance, afin qu’elle puisse jouer dans le monde le rôle que lui avait imaginé le général de Gaulle, celui d’un gardien des valeurs démocratiques, celui d’un vecteur d’humanisme, celui d’un rempart puissant face à l’expansionnisme occidental, celui d’un sanctuaire actif ouvert à tous les courants, à toutes les cultures, mais ancré dans le nécessaire respect de chacun par tous et de tous par chacun.
La Crimée est une poudrière !
Méfions-nous de tous ceux qui, par-dessus la tête des Européens, s’apprêtent à y craquer une allumette !
Bientôt… les élections européennes !
Notre responsabilité de citoyens est engagée.Salut et Fraternité.