J'écoute ces nouveaux morceaux de Brad Mehldau et je n'ai même pas besoin de savoir qu'ils sont de Brad Mehldau. C'est précis. Tentaculaire. Grisant. Je n'ai aucune raison à donner. Je me fais dépasser, je ralentis mon pas, je n'ai pas de but, pas de montre, pas de commanditaire, je suis mon propre subordonné. C'est électrique, ça me fait penser aux années 70, quand j'étais petit, les disques étaient très coupants, très synthétiseurs, j'y voyais des villes, des avenues la nuit. Je me projetais dans des histoires vagabondes, dans des ailleurs colorés de néons, je voyageais en pensée. Je me rappelle un album de Jean-Luc Ponty. Que j'ai écouté à l'infini. À cette époque, l'univers était tout juste sorti de son berceau, il était nu et naïf. Rien n'a changé, sauf les villes. Et puis le fait que nous sommes plusieurs milliards sur terre. Forcément, nous nous sentons tous un peu plus à l'étroit. Grâce à la nouvelle connectivité, il faudrait nous arranger pour pousser un bon cri de rage, tous ensemble et en simultané. À tel moment pile. Et on aurait des millions de photos de ce ces cris, prises au même moment. Ce serait rigolo, non?