C’était une soirée particulière, en ce début de mars, chez Tiasci –Paalam. Un trio a ouvert les oreilles qui s’étaient rendues disponibles pour la rencontre mensuelle de poésie. Sororité, c’est son nom. Trois femmes, Sabine, Mayu et Maryline, comme des sœurs. L’une joue de l’alto, une autre des flûtes, la troisième apporte sa voix. Ce sont des improvisations, à l’écoute de l’autre, un rythme donné, une modulation, et chaque auditeur entendra un air qui va l’attraper quand il ne s’y attend pas. Nous ne savions rien de ce que nous allions entendre. Nous avons laissé agir la surprise ; et le voyage a commencé. J’ai fermé les yeux et l’espace s’est ouvert. Pourtant, nous étions toujours au même endroit, rue de l’Aqueduc, à Paris. L’art de ces trois musiciennes est bien d’explorer des lieux et des imaginaires, de s’y risquer pour y trouver l’accord, la corde, le souffle, on pourrait dire l’âme.
Et Emma Peiambari a présenté son recueil récemment publié chez L’Harmattan : Les rosées de l’exil. Nous l’avons entendue en persan et en français. Il y a toujours un grand plaisir à entendre la poésie dans la langue où elle a été écrite. Il y a aussi du plaisir à entendre comme la langue française arrive parfois à s’y accorder. Il faut souligner ce moment exceptionnel où Emma a lu deux textes en persan, sans les traduire, ne donnant que des indications générales pour la compréhension, et se faisant accompagner par le trio Sororité. Une véritable relation s’est installée entre les quatre femmes, musique et mots, mélodie et couleurs de la langue et des instruments, pour dire quelque chose de l’amour, quelque chose des saisons.