Jonathan Hickman remonte le temps et étudie la politique qui a fait évoluer l’humanité. A la fois au récit et aux dessins, il nous offre avec Pax Romana une œuvre foisonnante et passionnante !
Si Jonathan Hickman est aujourd’hui l’un des auteurs les plus talentueux de l’univers Marvel, ayant réussi à redonner aux Avengers une dimension globale après le (trop long) run de Brian Bendis et ayant réussi à redorer le blason des Fantastic Four (aujourd’hui repartis dans la routine à cause de Matt Fraction), il a aussi le mérite d’écrire d’autres comics de manière indépendante. Ainsi on avait pu découvrir les débuts de ses étonnants Projets Manhattan. Mais si il est arrivé chez Marvel c’est parce que déjà avant il faisait preuve d’une ambition certaine dans ses récits. Ainsi, tous ses thèmes fétiches se retrouvent déjà dans Pax Romana écrit en 2007/2008.Dans cet étonnant récit, nous apprenons que dans le futur, l’Islam et les religions polythéistes pour pris le dessus sur le christianisme. Alors le Pape va envoyer un commando dans le passé, à l’apogée de l’Empire Romain, pour consolider la position de la religion. Évidemment, une fois dans le passé, tout va déraper.
Adepte des récits à grande échelle, Hickman nous invite ici dans une véritable uchronie, nous faisant réfléchir à ce qu’il se passerait si des personnes de notre époque se retrouvaient dans le passé pour le changer, pour influencer la personne la plus importante de l’époque. Alors toute l’évolution de l’humanité s’en trouverai chamboulée. Plus qu’un comics, c’est à une véritable réflexion que nous invite l’auteur et il se retrouve ici témoin des décisions qui ont abouti à ces changements et qui accélère notre évolution.
Dès les premières pages, il prend deux partis pris audacieux. Le premier est le plus frappant puisqu’il s’agit d’une véritable audace graphique. L’auteur est ici aussi à l’œuvre sur le dessin et celui-ci servira surtout de vague illustration du récit, histoire de placer ses dialogues. Fait d’aplats blancs sur des fonds de couleurs et de silhouettes, il donne à son ouvrage une dimension historique, comme si ces dessins étaient des traces de l’histoire.Le second parti pris innovant concerne la narration de l’auteur. Non seulement il alterne les flashback et les scènes en temps réel mais en plus il n’hésite pas à placer régulièrement des pages de retranscriptions de réunions décisives des protagonistes. Très loin de montrer des scènes d’action épique, il choisit ici de nous entrainer dans les coulisses des prises de décision qui vont chambouler l’histoire humaine et accélérer son développement tout en faisant état de ce qu’a été l’évolution de la politique humaine depuis l’ère de l’Empire Romain, tout cela visant au final à instaurer un régime de paix qui ne peut être que temporaire.
Ainsi l’auteur nous offre à travers des scènes de dialogue feutrées une réflexion d’envergure sur notre histoire, notre évolution, parlant autant de politique que de la religion, de la science, de la guerre, de la société ou de la nature humaine. Le seul reproche que l’on pourrait alors faire sur le récit est d’être trop court car nous aurions bien aimé voir les événements ensuite évoqués dans la chronologie qui conclue l’ouvrage ! Mais cela contribue aussi à l’aspect unique et passionnant de Pax Romana.